le Temps

 

C’est le temps de l’Avent, & à la maison, tous les frères, sœur & les parents, nous réunissions dans leur chambre, après le dîner. Nous étions autour de leur lampe de chevet pour préparer la fête de Noël. Chacun devait prendre le temps de penser à ce qu’il amènerait dans la crèche.

Je me souviens de l’horloge qui tintait les minutes & étirait le temps avant d’aller dormir. L’Éternité, pensais-je, devait avoir ce goût là ; comme mon schwing-gum que j’étirais à l’infini, de ma bouche à mon nez.

Aujourd’hui encore, le « surgé » m’avait crié dessus à cause de cette obscénité interdite au lycée. Grâce à Dieu (j’y croyais pas), cela n’allait pas plus loin. De toutes façons, à cette époque, j’étais tout le temps collé.

Les années ont passé, mais tout cela est frais dans ma tête. Cela prend même un tour plutôt gai. Pour l’Éternité, me disais-je, j’aurai été celui qui serait passé en « Conseil de Discipline » tous les ans. Pendant que le sablier laissait couler le temps dévolu à ma spiritualité, je songeais au dimanche où nous abandonnions cette pratique pour d’autres plus officielles, à l’église : le bonheur d’être en chasuble carmin qui m’allait si bien au teint, rehaussées du blanc des surplis de dentelles. Je servirai la messe.

« le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard » nous dit le poète.

Mais je revendique le temps perdu, celui que l’on gagne sur l’Éternité dont on ne sait rien, & au quel on fait dire tout, sur rien.

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