L’ambassadeur

Un ambassadeur anglais, chauve et bedonnant, marmottait en son palais. Il comptait et recomptait ses souliers mais il lui en manquait toujours une paire! Goddamit, se disait-il, je dois la retrouver! J’en ai besoin pour aller au marché acheter mes rutabagas. Car cet ambassadeur au goût douteux avait un faible pour cette légumineuse farineuse. Et, même, en général, pour tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un légume, les choux verts et rouge, les radis roses, les carottes orange, les aubergine couleur aubergine, tous ces étals bariolés le faisaient saliver… Il se dirigea à pas lents et nus vers le balcon. Sous ses fenêtres, le marché battait son plein. Tous ces beaux légumes à la pelle et ses souliers qui manquaient à l’appel! Il se gratta la barbe. Que faire? Prendre une autre paire? Mais il s’y refusait. Chaque paire de souliers avait un emploi bien particulier. Certaines étaient faites pour batifoler, d’autres pour danser, d’autres pour marcher gravement sur les tapis rouges des visites officielles… Et la paire qui lui manquait était précisément celle qu’il utilisait chaque dimanche pour aller faire son marché. Les cris des vendeurs parvenaient jusqu’à lui « Beaux légumes, beaux légumes pas chers! ». Il soupira. Rien ne servait de rabâcher, soit il changeait de souliers, soit il se passait de légumes. Too bad. Non! A situation extrême, solution extrême. Il résolut de sortir quand même, mais sans s’habiller. Tout nu, personne ne s’apercevrait qu’il n’avait pas de souliers!

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