Ne pas dormir mais rêver quand même. Le sentiment étrange de flotter au-dessus du lit comme pour s’envoler vers les étoiles. Ou alors s’enfoncer dans le matelas pour atteindre le centre de la Terre. Et pourtant, rester conscient de ce qui nous entoure. Le chat contre la jambe. La respiration qui n’est pas la nôtre. La porte de l’immeuble. Le ronronnement du panneau électrique. Avoir un pied dans les rêves et un pied dans la réalité. Comme s’il était possible de poursuivre la chouette qui s’enfuit à travers les sommiers pour finir par s’envoler par la fenêtre. Alors que le moindre son, le moindre mouvement nous ramène dans cette chambre simplement éclairée par les chiffres du radio réveil. Et alors, réessayer. Les yeux fermés, ralentir sa respiration qui devient de plus en plus profonde et laisser aller les tensions de son corps. Puis tout à coup, une pivoine vient nous marmonner à l’oreille de courir plus vite. Assez vite pour voler au-dessus des hommes haricot. Assez haut pour avoir le vertige. Puis tomber la tête la première dans l’oreiller. Réveiller par les moustaches du chat et son regard pénétrant. Heureux de ne plus être seul, il retourne se coucher dans son panier de jambes. Immobilisé mais alerte, le regard tourné vers les chiffres verts qui à présente narguent. 2 minutes. L’esprit tourne et analyse la possibilité d’une faille temporelle entre la réalité et les rêves. Essaye de calculer la vitesse d’une pensée. L’explication de ce décalage entre le rêve qui court à vive à allure et les chiffres qui stagnent. Serait-il possible de voler les heures du grand sablier ? Faire tourner plus vite les aiguilles ? Puis partir au pays de tous les possibles avec ces grains de sable volés dans les poches. Avoir tout le temps possible. Avoir le choix de le dépenser. Mais que ferait-on de ce temps qui finalement passe entre les doigts ? Si fin qu’on n’en voit pas les individualités. Peut-être que pouvoir les compter amènerait le sommeil. Comme les moutons. Ou les crevasses au plafond. Péniblement s’extirper de la couette sans réveiller le félin qui sommeille. Se retourner pour admirer les étoiles. Elles brillent tant qu’on pourrait presque les toucher. Peut-être qu’en tendant la main. Un peu plus loin. Mais les étoiles sont filantes et il ne reste que la poussière sur les doigts et le sourire aux lèvres. D’un souffle la poussière repeint le monde en rose et le sourire s’envole au vent. Il joue avec les nuages et défie les éclairs. Il apporte le soleil au milieu de la grisaille et colore le noir et blanc. Il passe à peine perceptible et pourtant éternel. Jusqu’à retrouver son propriétaire au milieu d’un chant de fleurs. La porte claque et les yeux s’ouvrent. 1 heure. Les traits verts un peu indulgents ont accéléré le rythme. Que reste-t-il comme astuce pour dormir. Ne serait-il pas mieux de se lever ? Peut-être dans un dernier essai, faire défiler le film de sa vie ?
N’appuies pas sur n’importe quel bouton et tu pourras suivre la route des rêves.