L’attente

Noémie n’en pouvait plus de ces visites. Elles s’enchaînaient encore et encore. Mais jamais aucune ne donnait quelque chose. Il y avait toujours un peu trop ou pas assez. Un petit défaut qui éclipsait tout le reste. C’est vrai que faire d’un tatami au milieu du salon. Ou d’une pièce uniquement accessible sur l’extérieur. Ou encore de cette salle de bain au plafond trop bas. Il y avait tellement de sentiments qui s’entrechoquaient. Cette douce euphorie avant de visiter. Cette anticipation qui nous empêchait de rester immobile. Et l’hystérie devant l’étonnant. La montée d’angoisse devant cette tâche impossible, irréalisable. Tellement qu’on s’en arracherait les cheveux et percerait les tympans. Et puis ô miracle, en passant le seuil, il n’y avait plus aucun doute que c’était ici. Il ne resterait plus que la joie et la foi en l’avenir. Sentiments si éphémères quand on revenait au matériel. Quand les discussions, papiers, négociations s’enchaînaient. Quand il ne restait plus que l’attente. Si interminable qu’on croirait que jamais la lumière n’apparaît au bout du tunnel. Alors Noémie patientait à en faire un trou dans le plancher, à vouloir tourner les aiguilles de l’horloge pour que le temps passe plus vite. A se demander si avoir une date aidait la patience ou rendait l’attente encore plus insupportable. Elle finissait par se demander si tout cela valait le coup. Serait-elle finalement déçue à la fin ? Ou au contraire ne pourrait-elle pas s’arrêter de sourire ? Peut-être que le monde paraîtrait plus beau et les heures, jours passés à attendre disparaîtraient. Que tous ces papiers à signer à en avoir mal à la main prendraient un sens. Qu’en tournant la clé dans la serrure de sa nouvelle maison, elle serait simplement heureuse.

 

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