Corentin venait d’arriver sur la plage. Sa sœur Célestine arriverait plus tard. Ils étaient jumeaux. Ils avaient 6 ans.
Depuis 6 ans, ils venaient là avec un bonheur à chaque fois renouvelé. Le plus souvent avec Bon-Papa. C’est lui & leur maman qui leur avaient appris tout ce qu’ils savaient : les marées d’abord, le ressac & ses rouleaux par mauvais temps, les vents aussi qui chacun avait sa particularité. Le sable & les coquillages qui servaient à monter les digues & barrages qui devaient, c’était sûr, criaient-ils, arrêter les flots. Quand elles étaient submergées, ils criaient leur tristesse, mais n’avaient pas de colère. La prochaine fois, surement, serait la bonne.
Mais aujourd’hui, Corentin sentit que l’air devait être contaminé. Une odeur affreuse se dégageait tout alentour. Cela sentait, se dit-il, comme quand il avait voulu éteindre ce feu de bois en pissant dessus. L’horreur !! il s’était bien fait engueuler. Ah oui !! Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ?
Arrêté sur le bord de la digue, il cherchait des yeux à comprendre. La mer était à mi-marée descendante. Au loin, vers la sortie du traict, il repéra un attroupement qui lui masquait quelques-chose. Alors, il dévala la dune & courut sur le sable humide vers ces gens qui regardait devant eux.
En arrivant il se glissa entre ces hommes & femmes, beaucoup de pêcheurs, et d’un coup il s’arrêta : devant lui, une très grosse masse noire, humide & aussi dégoulinante de sang, était étalée sur plusieurs mètres dans le sable vaseux à cet endroit. Des mouettes criardes & des mouches par centaines tournaient autour.
C’était un gros cachalot. Corentin en était certain. Il reconnaissait la description qui en était faite dans « MobyDick » que son papa lui avait lu, il y a 3 ans.
« un cachalot, un cachalot ! » hurlait-il, sûr de lui & heureux d’apprendre la nouvelle à tous qui étaient là.
Et Célestine qui était absente !!! Le hasard avait bien guidé ses pas.