Un moment d’inspiration

  1. Alors qu’elle rêvait assise dans la neige, la panthère du tableau lui apparut, noire, brillante, lisse, presque liquide dans la lumière froide de l’après-midi.
    Pourquoi apparaissait-elle là, à ce moment précis, peut-être à cause du contraste de couleur entre la neige et le pelage de l’animal, où de sa provenance exotique et son intrusion dans ce décor glacé.
    La panthère se tenait là sur le rocher et l’observait.
    -Tu n’as rien à faire dans ce paysage, fiches le camp, je ne t’ai pas prévue ici mais dans le décor d’à côté, celui avec les feuilles de Pernambouco et le coucher de soleil, vas, vas voir, c’est mieux.
    Non là sur la neige c’est un homme qu’elle veut, quelle veut peindre, pas une panthère, elle a mis des jours entiers à trouver le bon coin, le rocher, les sapins, la montagne au fond, elle a bravé le froid, le chemin escarpé, elle a trimbalé jusqu’ici les tubes de peinture qui font la tête à cause du froid, les châssis, non vraiment pourquoi cette panthère était-elle venue s’incrustée au beau milieu de son inspiration ? Pourtant le jaune vif des lichens sur le rocher, s’harmonisait parfaitement avec les yeux du félin et puis ce noir si intense sur ce blanc presque bleu quel dommage de ne pas le peindre…
    -J’ai peut-être mon mot à dire moi, dit un homme en costume rouge, le rouge c’est très bien sur la neige aussi !
    Elle le regarda un peu surprise :
    -je t’avais pensé nu
    -ben il fait froid non ? répondit l’homme en rouge
    -ce costume rouge avec ses galons dorés c’est pas mal ça fait son effet sur la neige, dit la peintre, rapproche-toi de la panthère, oui, comme ça, c’est très bien voilà je vais peindre « Le dompteur et la panthère des neiges » ça va être sublime !
    L’Homme en rouge fit claquer le fouet qu’on venait de lui peindre dans la main, et la panthère ne fit qu’une bouchée de cet humain décidément bien insolant, puis, s’adressant à l’artiste elle dit :
    « Par les routes, les panthères vivent des choses humaines parfois ! »

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