Ce matin, le réveil se fait au son des gouttes qui cognent sur les fenêtres, sur le toit. Un vrai concert de percussions qui ne donne qu’une envie, celle d’enfouir sa tête sous la couette et d’étouffer ce bruit qui annonce un temps pourri, dégueulasse, une journée à se battre avec les baleines de parapluie qui dansent, se tortillent au rythme endiablé de la pluie et qui nous laisse les cheveux, les habits, les pieds trempés et le corps transi de froid.
Le seul réconfort viendrait de l’odeur agréable du béton mouillé, de l’herbe humide qui malheureusement se mélange avec celle des chiens mouillés. Des moutons en pleine ville.
C’est très aléatoire ce qu’on pense de l’odeur mouillée. Tout dépend aussi de la provenance du mouillé : l’odeur mouillée de la pluie parfois sent bon, parfois sent le rat mort. L’odeur mouillée de l’eau de la piscine sent trop souvent le chlore. L’odeur mouillée de la mer, l’iode et le sel. L’odeur mouillée de la sueur, l’âpreté, l’acidité et que sais-je encore vu qu’on se bouche le nez tant les relents sont forts. L’odeur mouillée de la douche du matin se mélange délicatement avec celle d’un gel douche, d’un savon sinon elle n’a pas d’odeur. L’odeur mouillée du bain du soir s’évapore et se colle sur le miroir embué.
Ce matin, la pluie cogne fort. Pour un dimanche matin, ça ne présage rien de folichon. Quoique c’est un temps parfait pour mélanger l’odeur mouillée de la sueur de deux corps.
Ça aurait pu être sympa comme retrouvailles de rentrée mais le lit reste froid et il n’y a pas de deuxième corps pour mélanger les odeurs mouillées. Dans un rêve demi-éveillé, on tâte le terrain, on envoie la main de l’autre côté du lit en espérant ne pas tomber sur le plat du matelas. On envoie le bras dans un élan fougueux. Le bras s’écrase sur l’oreiller, un corps doux, moelleux mais qui ne risque, à aucun moment, de se transformer en un corps avec une odeur mouillée mélangée à notre odeur mouillée.
Que vaut-il mieux faire ? Se retourner, replonger dans son sommeil et invoquer un beau rêve ou se lever, affronter le vent, le froid, la pluie et se contenter d’une autre odeur mouillée ? Aller à la piscine pour en remettre une couche ? Ça peut être une idée d’accumuler les différentes couches d’odeur mouillée pour enfouir encore plus profondément notre odeur mouillée quand elle se mélange à celle d’un autre corps.
Le son des cloches de l’église se joint aux percussions de la pluie. On est dimanche, la messe commence ou finit, ou alors il est déjà midi. Selon les gens, c’est une moitié de dimanche gâchée ou une grasse matinée bien méritée.
Pénélope s’extirpe finalement de la moiteur de son lit. Elle voudrait à la fois profiter de son dimanche, à la fois dormir un peu plus. C’était chose faite. Après sa douche à l’odeur mouillée au pH neutre avec un savon sans parfum, elle enfile un bas de jogging, un T-shirt, des chaussettes, des baskets, hésite à prendre sa doudoune. On est encore officiellement en été, pense-t-elle, non ? Finalement, pour protéger sa gorge, son corps du froid, elle la met quand même, tentant d’oublier la date sur le calendrier. Le temps maussade à l’extérieur s’était également trompé : un temps de chien mouillé, c’est au moins un temps de novembre !
Pénélope claque la porte, ouvre son parapluie. Elle n’aime pas les parapluies mais celui-là est transparent et des papillons multicolores volent sur le plastique. Un joli trompe-l’œil pour croire que le temps n’est pas si mauvais, que quelque part dans le monde, peut-être pas très loin d’elle, il y a des papillons heureux de voltiger dans les odeurs mouillées qui les entourent.
Avant de sortir, elle avait attaché ses cheveux par flemme de les laver et de les mouiller, elle ne s’était pas maquillée. Elle s’était juste lavée et c’était déjà bien assez pour ce dimanche où elle avait été réveillée par un tintamarre déprimant.
Pénélope marche vite, se faufile entre les gens, les gouttes de pluie qui, note-t-elle, font beaucoup moins de bruit quand on est dehors. Elle remarque les flaques qui se forment, les rigoles qui s’approfondissent car la pluie refuse de s’engouffrer dans les égouts. Bientôt, sa rue se transforme en une énorme mare aux canards.
Pénélope n’aime pas l’odeur de l’eau stagnante. Cette odeur lui fait sûrement un peu peur. On s’imagine souvent le pire : des cadavres qui croupissent au fond avec un bloc de pierre attaché à la cheville. Jamais on ne pense que c’est l’environnement idéal pour les têtards, les grenouilles et autres animaux aquatiques. Pénélope pense qu’elle lit trop de polars, qu’elle regarde trop de séries policières. Mais c’est vrai que l’odeur mouillée de l’eau stagnante annonce la mort.
Ses baskets prennent l’eau, elle sent l’humidité prendre du terrain sur ses chaussettes. Le bas de son pantalon est alourdi par l’eau qui s’y est infiltrée. Elle remonte son pantalon qui lui glisse de la taille, met les mains dans ses poches pour resserrer sa doudoune sur son torse.
Elle coince le parapluie sous son bras. Elle aurait dû acheter une doudoune avec capuche, pense-t-elle. Ce parapluie commence à l’encombrer.
La pluie ralentit et se transforme en bruine. Pénélope décide de fermer son parapluie et tant pis si elle mouille ses cheveux. De toute façon, elle les lavera ce soir. Comme la pluie reprend de plus belle et qu’elle n’a pas envie de rouvrir son parapluie, elle se dirige vers le café le plus proche, s’y installe et commande un thé au thym.
– Un quoi ? interroge le serveur
– Un thé au thym, c’est préventif pour ne pas attraper la crève
– Ah, ok, ben non. On a du Earl Grey, du thé vert à la menthe, enfin les basiques, quoi.
– Un thé vert à la menthe s’il vous plaît alors, sans sucre, sans spéculos, merci.
Pénélope s’enfonce dans la banquette, tient sa tasse fortement pour se réchauffer les mains. Elle a juste dézippé sa doudoune, elle a encore trop froid. Le goût mouillé du thé lui réveille les papilles et lui brûle le bout de la langue. Elle souffle dessus, pose sa tasse sans boire pour laisser refroidir.
Elle est partie sans manger, elle a faim. Elle jette un œil sur le tableau noir où le menu du jour est inscrit. Le cuistot a eu l’œil aujourd’hui. En entrée est proposée une soupe de légumes maison. Pénélope interpelle le serveur et lui commande une soupe, sans croûtons, sans gruyère, sans beurre.
En attendant sa soupe, elle boit quelques gorgées de son thé. Elle ne sent pas vraiment le goût de la menthe. Le goût mouillé de ce thé est fade.
Sa soupe arrive. Elle sale et poivre avant même de goûter, échaudée par ses gorgées de thé. Elle mélange avec sa cuillère pour laisser refroidir. Elle remplit un tiers de sa cuillère, souffle et la glisse dans sa bouche. Le goût mouillé de la soupe lui plaît bien, il est relevé, épicé, coloré. C’est une soupe qui réchauffe les cœurs, pas une soupe d’hôpital, une soupe qu’on fait quand on est malade. Non, c’est une vraie soupe qui fait du bien. Pénélope dévore sa soupe en moins de dix minutes, arrive à éviter les brûlures de langue, de lèvres.
Elle commande un verre de vin. Elle ne boit jamais mais aujourd’hui, en ce dimanche pluvieux, elle aimerait siroter un bon vin rouge. Le goût mouillé du vin lui déchire la gorge. On lui avait dit, c’est comme du jus de raisin. Du jus de raisin qui a tourné, pense-t-elle. Elle réessaie une autre gorgée. C’est définitif, elle n’aime pas le vin.
Elle enlève le goût mouillé du vin en terminant son thé plus que tiédi. Elle aimerait prendre un dessert. Une île flottante, tiens, pourquoi pas. Le goût mouillé de la crème anglaise lui rappelle de bons souvenirs. Des souvenirs où l’amour était doux, où l’amour était fou.
Elle sent des larmes lui monter mais elle ne veut plus pleurer. Le goût mouillé des larmes est salé, rempli de tristesse, parfois de joie mais plus rarement. Elle a trop pleuré ses amours flous.
Elle abandonne l’île de son île flottante. Elle ne gratte que le caramel liquide dont le goût mouillé électrise son sourire. Du sucre, enfin du sucre ! Du sucre chaud, cuit, fondu mais du sucre quand même. De la douceur dans sa vie malgré l’odeur mouillée de la pluie, malgré le goût mouillé des larmes passées.
Un client qui était accoudé au bar à siroter son café s’approche d’elle et l’apostrophe.
– Je vous observe depuis tout à l’heure.
Le visage de Pénélope s’inquiète.
– Je ne veux pas vous faire peur, pardon, c’est juste que vous êtes charmante et j’aimerais bien un peu faire connaissance.
Pénélope le dévisage, ne comprend pas. D’accord, ce matin, elle aurait bien aimé partager son odeur mouillée avec celle d’un autre corps mais ce n’est pas une raison pour se mélanger avec n’importe qui.
Pénélope avait tissé autour d’elle un filet, une bulle et l’entrée y était très limitée voire quasiment interdite. Elle sait qu’il faudrait qu’elle ose un peu plus. Pour le moment, elle n’ose que dire non. Un jour peut-être qu’elle osera dire oui. Mais ce jour n’est pas aujourd’hui, pas avec lui, pas en ce jour de pluie.
Pénélope paye l’addition et quitte le café. Elle aperçoit l’importun parler à une autre femme. On est dimanche, un dimanche de pluie, un dimanche à rester au lit, à deux et l’opportuniste a bien l’intention de mélanger son odeur mouillée aujourd’hui. Pénélope sourit à son audace maladroite.
La pluie a cessé mais le sol reste trempé. Elle rentre chez elle, enlève ses habits humides, se fait couler un bain. Elle y ajoute des huiles, de la mousse. Elle allume des bougies qu’elle place tout autour de la baignoire. Son corps glisse dans l’eau chaude. Elle ne sait pas combien de temps elle s’immerge, flotte, profite de la douceur mouillée de son bain.
Quand elle se décide à sortir, elle enfile un peignoir qu’elle avait laissé sur le sèche-serviette. Elle se prépare un thé, s’assoit près de la fenêtre et observe un beau coucher de soleil qui donne au ciel des couleurs roses, mauves, bleues, jaunes, orange. C’est beau comme le goût mouillé d’un baiser.
C’est un dimanche qui se termine bien.
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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