Quel cochon !

Quel cochon ! Juliette est révoltée. Ce youtubeur qui l’a fait rire pendant toute son adolescence est accusé de viol. Un viol, c’est si violent ! Où sont passées ses blagues et son autodérision ? Il a demandé à ces filles de lui envoyer des photos à poil, et lui envoyait des photos de ses … réactions. Beurk ! 

Au-delà de la colère, Juliette ressent de la tristesse. Elle le suivait tous les jours sur Insta, elle commentait ses photos de voyage où il posait tout sourire au milieu de sa femme et de sa fille. Juliette lutte de toutes ses forces pour réfréner un rictus de nostalgie. 

Elle remet en question sa vie entière. Combien de temps a-t-elle dépensé inutilement sur les réseaux sociaux ? Elle voudrait casser en mille morceaux les écrans autour d’elle, et pourtant l’écran de son iPhone la démange. Elle se saisit du rectangle encore chaud, récite une phrase de sorcellerie, puis plonge le téléphone dans la mousse de son bain. L’eau est salée. Elle baigne désormais dans ses larmes. 

Alors, doucement, elle se lève, sort de la baignoire une jambe après l’autre, prudemment, comme si elle avait du mal à marcher. 

Elle s’assoit par terre, à même le carrelage. Elle grelotte. Elle veut partir, être envahie de pustules venimeuses, déconnecter pour de bon.

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