Trouver refuge

Je trouverai refuge dans l’écume mousseuse, dans le vol des goélands portés par les coups de vent. Je trouverai refuge sur les sentiers rocailleux qui sentent la pluie et le printemps qui vient. Loin de mes prises de tête, je trouverai refuge sur une île imaginaire, un îlot peut-être. Un feu de cheminée, des couleurs chaudes et du thé. Faire demi-tour c’est toujours possible, alors je partirai léger, léger comme une mouette minuscule qui bât des ailes quand monte la vague, décolle un peu et revient à la surface de l’eau. Je trouverai refuge dans les pousses à peine visibles qui sortent de terre, dans le soleil qui se lève un peu plus tôt à l’Est.
Je trouverai refuge dans tes regards, la chaleur de tes bras, chaque fois un peu comme si c’était la dernière fois. Je trouverai refuge dans les souvenirs de toi, quand assommée tu partais quand même en montagne, et, comme un cabri rendu à sa liberté tu crapahutais sur les chemins sinueux. Alors tu retrouvais ton énergie et tu redescendais ragaillardie sans plus la moindre plainte. La montagne t’avait rendue la vie.
Tu ne bouges presque plus ; c’est ce que tu me dis. Recluse dans tes douleurs, au chaud sous les couvertures, au chaud dans tes livres. Je te raconte les tempêtes, les secousses, les frayeurs que je traverse. Je te raconte la beauté des nuits étoilées ; la lune glacée ; les silences profonds. Un jour nous serons tout à fait séparées, mais c’est pourtant en toi que je trouverai encore refuge. Pour l’heure, la Bretagne est belle et les petits matins sombres patientent. Le soleil n’est pas loin. La marée va et vient dans de petits coefficients qui nous gardent des submersions. Ce matin je t’ai envoyé une carte postale. Tu devrais la recevoir avant mon retour.

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