Décris-moi le chemin

Je bois mon café face à la fenêtre. Le ciel est blanc. Il doit faire froid. Je distingue le haut des branches de l’arbre devant moi. Posée sur une brindille, une mésange me regarde. Son jabot jaune et bleu, ses ailes grises et blanches, éclairent un peu ce ciel de fin d’hiver. L’envie d’aller musarder sur le chemin qui mène au petit bois, me pousse à finir ma tartine et le contenu de ma tasse. Je m’habille chaudement, enfile un bonnet. Les chaussures de marche, dans l’entrée, m’attendent. Le printemps n’est pas pressé d’arriver. L’hiver se traîne et moi aussi. Je sors et prends le chemin qui passe un peu plus loin derrière la maison. Des oiseaux s’envolent au loin dans un ballet bien orchestré. La nature est calme, mis à part ça. Il est encore tôt et le froid endolori les mouvements. Tout en marchant, j’essaie d’écouter les petits bruits. Je tends l’oreille, et n’entends que le bruissement de mes pas. Je m’arrête pour marquer les silences. Aucun écho ne me parvient.

Je poursuis ma route, et après un virage, un tapis violet apparaît. Les premiers crocus sont là, enfin un signe que le printemps approche. J’observe le grand chêne au loin. Il se distingue et sort un peu de la brume. En-dessous, un banc permet de se poser à l’ombre quand il fait chaud.

J’aime ce chemin. A chaque étape, un objet ou un élément ponctue l’endroit et invite à s’arrêter. Près de l’arbre, une étendue assez plane pour s’y allonger. Au loin, sur la route qui longe pendant quelques mètres le chemin, j’aperçois ma voisine qui revient de la boulangerie. C’est son heure. Ça doit la rassurer cette régularité.

Je sais que sur ma gauche, je vais croiser la boîte à lire. Elle est en bois coloré, avec un petit toit au-dessus pour protéger les livres des intempéries. Je regarde toujours ce que les gens y déposent et j’en porte aussi, quelquefois. Cette idée de partager ses lectures et de connaître les goûts des autres, me fascine.

Devant la petite chapelle, la croix se dresse, inquiétante, le fer qui la compose la rend froide. C’est ici que le chemin descend un peu. La brume commence à se lever et la demi-lune, encore visible, éclaire un peu le ciel laiteux.

Les hauts murs de pierre, derrière lesquels les arbres bruissent lorsqu’ils portent leurs feuilles, sont étouffants. On discerne à peine la demeure qu’ils encerclent.

Je continue. J’ai envie de poser des touches de couleur dans le ciel gris. Je n’aime pas le froid mais je le trouve vivifiant. Je note que le manque de couleurs de la saison m’attriste un peu. Mais, bientôt, les fleurs et le vert tendre des arbres colorieront de nouveau la vie.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Décris-moi le chemin

  1. Emmanuelle P dit :

    Merci pour la balade

Laisser un commentaire