– T’as vu, la classe, non ? Ce port de tête altier, cette poitrine ferme, ce corps svelte, ces bras toniques. Ça en jette, hein ?
– Mais oui, Diane, tu es belle. Dis-moi, comment as-tu tenu la pose ? Pas trop dur ? Georges a-t-il été sympa avec toi ?
– Georges ? Connais pas. Eh, faut que tu revoies ta culture G ma grande. Je suis célèbre, moi. Pas la peine de poser ; je suis dans toutes les têtes, dans tous les fantasmes.
– Hem, tu t’emballes, non ?
– Mais c’est qu’elle est méprisante, la petite merdeuse. Gougnafière, va !
– OK, OK, on ne va pas se fâcher ; Dis-moi, tu chasses quoi ? Des pigeons ? Des cerfs… volants ?
– Oh, mais c’est qu’elle me les brise, la parisienne ! Je chasse tout ce qui m’embête ; les bestioles à 4 pattes, les bipèdes avec ou sans plume. Là où Diane passe, les nuisibles trépassent. Mon aigle réginal me conduit de ville en ville, de port en port. Dès qu’ils me voient arriver, les chiens hurlent à la mort !
– C’est glauque, Diane. Tu n’en fais pas un peu trop ? Question suivante tu as un mec ?
– Un quoi ?
– Pardon, Diane. Y a-t-il un homme qui illumine ta vie et fait battre ton cœur ?
– Joker.
– Ah ! Sujet sensible ?
– N’insiste pas, je ne dirai rien.
– Il est beau ?
– Tu m’as entendue ?
– Il chasse aussi ?
– Chut !
– Il est copain avec ton aigle ?
– Y’a intérêt, sinon, couic, plus de roubignoles !
– Aïe ! Ça doit faire mal…
– Barbara opère une première sélection.
– Barbara ?
– Oui, mon aigle noir.
– Mais c’est un mâle !
– Et alors !? Je l’appelle comme je veux. Barbara, ça lui va très bien. Donc, je disais que chaque fois qu’un bipède sans plumes, ni trop de poils m’approche, Barbara fait le tri entre les prétendants potables et les cas désespérants. Pour organiser mon planning, mon aigle est parfait.
– Je comprends. Je peux te l’emprunter ?
– Pardon ?
– Je crois que j’ai dit une bêtise. Dernière question : je peux retranscrire notre entretien ?
– Oui, je te le fais gratuitement. C’est bien parce que c’est toi.
D’après Diane Chasseresse, par Georges Barreau 1866-1931