Grand froid

On pourrait enfiler des gants, nouer des foulards moelleux autour de nos cous, jeter un œil par la fenêtre, coller sur nos têtes gelées un bonnet trouvé au fond d’une poche, sortir de grosses chaussures fourrées et hop dehors! On pourrait…..On a entrouvert la porte, tout à disparu, la voiture devant la maison, les arbres le long du chemin, les bambous dans le jardin. Tout est blanc, recouvert d’une couche de neige de plus en plus épaisse. Accroché  au mur extérieur le thermomètre a dégringolé. On referme la porte.

on s’assied dans le salon et on se laisse envelopper par ce silence d’ouate , par ce monde irréel aux dimensions recomposées. La tête vide, on laisser vagabonder des pensées effilochées. Le temps passe, passe et nous passe sous le nez. On observe les nuages gorgés de grésil dans un ciel au bleu trompeur.
On pourrait chausser des patins, sortir la luge, les jeunes hurleraient de joie. Non, pas de hurlements aujourd’hui. Doucement, mollement on se laisse dériver. Juste boire un thé et peut-être allumer un feu ou plutôt dire à quelqu’un qui entre dans la pièce «  Hé toi, tu f’rais pas un feu ? »

un grand chien reste planté devant le portail. La neige continue de tomber. Il secoue son museau.on pourrait se lever, lui dire de rentrer vite avant que ses pattes ne gèlent mais on s’allonge un peu plus sur le canapé, on s’enroule dans un plaid. Quelqu’un a enfin allumé les bûches. Un cycliste passe très lentement. Il faut être fou pour rouler par un temps pareil. La maison est enveloppés de feutre comme un piano de Joseph Beuys. On somnole un peu. Sur le rebord de la fenêtre, mésanges et moineaux essayent d’attirer notre attention. Il faudrait aller chercher des graines dans la cuisine. Si par bonheur un enfant passe par là on l’interpelle »dis donc, tu ne veux pas donner à manger aux oiseaux, regarde ils attendent » Après on pourrait s’assoupir délicieusement.

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