Quand la musique est bonne

Tout est bien qui finit bien. Mais on le savait déjà, on avait lu le livre, on avait vu le film en noir et blanc puis en couleur, sur grand écran et sur le petit dans le coin cuisine. Alors oui, on la connaissait la fin de l’histoire. Et on avait beau le dire et le redire, les p’tits jeunes ne croyaient pas à cet adage.
Ils nous disaient : « Vous, les vieux, vous ne comprenez rien. Vous ne pouvez pas comprendre. On n’a pas de boulot, on n’a pas d’amoureux, on vit encore chez nos parents alors qu’on a 30 ans. On a fait plein d’études, on est bardé de diplômes et rien ne se passe jamais. On nous dit qu’on a la vie devant nous. Mais quelle vie ? Quelle histoire pour nous ? Quel destin ? »
Nous, les vieux, on espérait malgré tout leur transmettre notre sagesse et notre sérénité, une vision optimiste et joyeuse de la vie. On avait vu le film. Ces p’tits jeunes devaient nous faire confiance tout de même. On connaissait la musique. On savait bien que ça ne sonnait pas toujours juste, que c’était parfois désaccordé mais l’essentiel n’était pas là. L’essentiel est que la musique soit au fond de soi, qu’elle anime les âmes. Qu’elle sonne juste ou faux, peu importe, il faut qu’elle soit bonne car elle adoucit les mœurs. Et puis, à la fin du morceau, même les âmes en peine se sentent un peu mieux.
Tout est bien qui finit bien. Un jour, ils comprendront.

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