L’orteil

Immobile. La torpeur le gagne. Les paupières fibrillent. Il est bien. Il s’enfonce. Lâche prise. Cet entre-deux le met en résonance. Il revoit les anciens converser en patois et se raconter, assis sur leurs chaises de paille, les fenaisons d’antan. Quelle heure est-il ? Il fait faire des petits cercles à son orteil droit. C’est bon de faire tourner son orteil droit et de réaliser qu’il est vivant. On néglige ses orteils. Ne jouent-ils pas un rôle majeur dans l’équilibre ? Le bruissement de l’eau dans le radiateur lui rappelle le moulin à aube prés duquel il jouait quand il était gosse avant d’aller chasser les papillons. L’enfance est là. Par flash. Elle éclaire le chemin. Il rattrape le papillon voletant aux heures chaudes de l’été qu’il passait avec ses cousins en haute vienne. Les bains dans le lac de St Matthieu où il apprit à nager, la cueillette des pissenlits, les mirabelles chapardées au prix d’acrobaties de casse-cou, la pêche au gardon, la fabrication des flèches magiques, les haricots beurre du potager, le sourire de sa tante qui sonnait la cloche pour le dîner.

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