Passé, présent, futur, lettre posthume…

Le passé… Tu y es noyée…
Tournée vers lui, tu le tritures, tu le malaxes,
tu le mâches et tu le broies,
incapable de déglutir….

C’est un peu comme si finalement, ça te faisait plaisir,
Ce lourd fardeau sur tes frêles épaules,
Ces hautes montagnes dont tu descends,
Guerrière farouche et blessée auréolée de gloire,
toute matière de souffrances

Mais combien de temps ?
Combien de temps vas-tu continuer à te cacher derrière
et ne pas vouloir comprendre que tout passe et se transforme ?

Apprécie les changements !
Retourne-toi vers le présent !
Et vis !
Sens le vent qui doucement caresse les coquelicots !
Sens le bruissement des feuilles, le clapotis de l’eau…

Il n’est plus temps peut-être de se sentir en danger,
bête apeurée et torturée, prête à se tuer pour survivre…
Il est temps d’être là ! Déjà, tu as repris des forces !
Alors assez de ces analyses sans fin et des souvenirs tribaux !
Si quelque chose est à mordre, c’est seulement l’Existence !

C’est difficile n’est-ce pas ? Une fois que l’on a souffert, de ne plus avoir peur…
Mais dis-toi qu’il est encore plus périlleux et d’autant moins pardonnable de prendre sa peur pour manteau et de ne pas vouloir affronter la vie…

Tu as peur de faire des erreurs ?
Tu as peur…de te tromper ?
De monter ?
De descendre ?
De croire et de te casser le nez ?
Non, je ne crois pas…
Je pense qu’avant même de s’ancrer dans la peur de tout cela, il est surtout jouissif de s’ancrer dans la peau du souffrant martyr qui éternellement pourra s’excuser de tout…

Tu me trouves dur ?
Et pourtant… Je ne suis pas le couperet du Jugement sans appel !
Je vois en toi les rires et les joies à venir
Je vois en toi une force qui pourrait jaillir telle la lumière d’une cascade au fond d’une forêt sombre
Je crois en toi le tournesol qui, un jour, acceptera sa pleine nature et de se tourner enfin vers sa lumière…

Fais triompher tes émotions, ma fille !
Je t’en prie… écoute-moi…

Laetitia C