Ravie, j’étais

Ravie, j’étais de ne pas en rester là, de faire un pas de côté à défaut de pouvoir faire un pas en avant.
Ravie, j’étais d’avoir apporté un pique-nique. Et un thermos. Avec ça, je bravais tous les éléments : vent, froid et pluie.
Ravie, j’étais d’être seule au monde, cachée de tous par le mauvais temps, et pourtant visible de tous. Tous dont aucun n’était là.
Ravie, j’étais de marcher difficilement, la chaleur m’envahissant, la sueur me piquant la racine des cheveux.
Ravie, j’étais de m’épuiser, d’avancer encore alors que le soleil déclinait.
Ravie, j’étais de suivre ce rayon de soleil qui perçait les nuages d’un ciel menaçant. Très long rayon de soleil qui me menait tout au bout. Là-bas, je m’arrêterai. Il fera nuit.
Ravie, je suis de m’asseoir sur le banc de l’abri du car. Une heure à attendre.
Ravie de mon escapade, j’ai le temps de savourer cet entre-deux. Mon corps se refroidit.
Bientôt, je serai ravie d’être dans le car, qui sent mauvais, éclairé au néon. Le conducteur m’appellera « ma petite dame » ou bien peut-être « princesse » prolongeant ma béatitude, me préparant à faire face sans ciller au retour.

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