La catastrophe

– Mais pourquoi tu ne m’as pas appelé avant ?
– Et pourquoi ça aurait été à moi de t’appeler ?
– Mais…mais tu sais bien !
– Alors monsieur m’ignore copieusement depuis des semaines, et quand il y a une cata c’est à moi d’y penser ? C’est à moi de t’appeler ? Jamais de la vie !
– Mais arrête tes connerie, je ne t’ignore pas du tout !
– Si ! Et j’ai très bien vu ton manège. C’est pas pour moi que tu vas dépenser des mille et des cents dans une boutique de luxe hein !…
-Mais c’est faux. Et tu sais bien que je suis à sec en ce moment.
– Eh béh pas moi. Pas nous devrais-je dire d’ailleurs… Tu verrais l’état ici…
– Oh punaise. Raconte-moi : comment c’est arrivé ?
– Non.
– Mais pourquoi non ?
– Tu m’as abandonné comme une vieille chaussette !
– Mais c’est faux ! Archi faux ! En plus ta comparaison est très mal choisie, tu sais bien que même trouées je continue à les mettre mes vieilles chaussettes !…
– Ah tu dis que je suis troué ? Merci, merci beaucoup, ça me réconforte énormément…
– Mais non, mais non.
– Tu as une drôle façon de t’excuser.
– De m’excuser ? Mais pourquoi ?
– Mais tu ne comprends vraiment rien hein ? Mais je n’ai peut-être pas de boutons de manchette, de cols satinés, mais j’ai besoin d’amour ! Et tu me délaisses !
– Ok ok pardon.
– Ca suffit pas.
– Mais tu sais bien que c’est faux ! Ok j’aime les belles chemises, les costumes, les chaussures en cuir…mais c’est pour le boulot ! Tu sais très bien que c’est toi que j’aime le plus. J’ai besoin de toi. Tu le sais.
– Hummm….
– Mais si. Je me bats pour toi. Tous les jours. J’essaie d’être avec toi aussi souvent que je peux. Je dirais même plus, je compte sur toi.
– […]
– Allez…
– J’ai seulement besoin de t’entendre le dire.
– Mais je te le dis. Je te le crie. Il faut que tu me croies !
– Ok ok je te crois…
– Allez raconte-moi tout. Le temps presse. Et au téléphone je ne me rends pas bien compte de l’ampleur des dégâts.
– Bah c’est simple. C’est ton sweet à capuche qui a commencé à s’enrouler sur lui-même. Les cordons de la capuche se sont barrés et sont allés obstruer le tuyau d’évacuation. Du coup ça a mis le mode « survie » de ta machine en route, ça a accéléré le moteur, ta machine a percuté l’étendeur de la salle de bain, ça a fait se décrocher le tuyau, et toute l’eau est sortie. Et continue à sortir…
– Putain !.. .C’est quoi les dégâts ?
– Bah moi ça va. Tu sais nous les jeans on est costaud. C’est pour ça que tu devrais faire plus attention à moi… C’est sur moi que tu peux compter. Mais tes jolies chemises, ton pull en cashmere et tous les sous-vêtements en lycra… bah ils sont morts.
– Et meeerde… Bon je raccroche, je rentre en vitesse.
– Allez, t’inquiète pas. Je suis toujours là.

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