Lettre de Split

Chère Lucie,

Je suis bien arrivée à Split il y a 10 jours. Je souris en écrivant ce mot, « Split », car je me souviens qu’en anglais, il veut dire partir, se séparer. Comme quoi, il n’y a vraiment pas de hasard. C’est comme si j’avais su, lorsque j’ai choisi cette destination, qu’il y aurait une rupture, un arrêt. Je ne l’avais pas imaginé si brutal. Mais la vie fait comme elle veut, et quand on ne veut pas comprendre, elle vous pousse elle-même au bord du précipice, oblige à faire un choix.

J’écris de la terrasse, où le soleil chauffe déjà malgré la saison. Le début de l’automne est doux et d’après mon voisin, rencontré hier en allant au supermarché, la baignade sera possible jusqu’à la fin du mois. Je me baigne tous les après-midi. L’eau est limpide, comme celle d’un lac. Peu de vagues. Après la tempête de l’été, ça me va bien.

Depuis hier, j’ai repris l’écriture. Avec ma correspondance, comme tu le vois. Pour le reste, on verra un peu plus tard. Mais je suis confiante. Je sens le désir qui revient. Le soir, assise dehors, je vois les chauves-souris qui tournent au-dessus du jardin. Les idées bouillonnent dans ma tête, à tel point que, plus tard, j’ai du mal à trouver le sommeil.

Je reprends des photos aussi, beaucoup trop bien sûr. J’essaie de capter la lumière pure avec le noir et blanc. J’ai toujours aimé faire ressortir la lumière en captant le sombre, parce que la vie, c’est cela, n’est-ce pas ? L’ombre et la lumière, complémentaires l’une de l’autre.

J’en ai eu assez de me battre contre des moulins à vent, et j’en ai assez de demander pardon pour tout ce que je suis. Enfin, le calme s’impose. Je suis vraiment partie, pour mieux revenir.

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