Je me pose tout le temps des questions. De plus en plus, sur tout. Moi, ma vie, mon œuvre… que faire pour que ça ressemble à quelque chose, pour que ça serve à quelque chose ?
Petite déjà, je me souviens d’instants de vertige fulgurants où soudain, au milieu de l’escalier en hélice qui mène à la chambre de mes parents, je me sentais… en lévitation. En suspens. Je ne parvenais pas à saisir tout à fait ce qui me m’arrêtait, comme une aiguille des secondes qui a un petit hoquet, un sursaut avant de reprendre sa route toute tracée. Je crois comprendre aujourd’hui que sans prévenir, je me demandais ce que je faisais là, qui m’y avait mise et pourquoi. Et que mon cerveau, peu habitué à ne pas trouver de réponse immédiate aux questions qu’on lui posait, buggait. Niait l’évidence, le grand vide qui s’ouvrait : il ne savait pas.
J’envie parfois ceux qui semblent ne pas se poser de questions. Ceux qui vivent heureux, paisibles, satisfaits, ancrés dans ce qui me paraît être une jolie routine faite de stabilité, de répétitions. Une vie où les pages se tournent et où tout se déroule comme dans un livre, celui qu’on a écrit pour nous, celui qui nous convient.
Parfois, je me dis que cette béatitude les fait passer à côté du cœur de leur existence. Parfois, je me dis que c’est moi qui vais le rater, le cœur de l’existence, à trop vouloir chercher ce qui est à côté de moi.