Aujourd’hui comme hier

« Je garde le sac de ma copine » avait-elle l’habitude de dire quand un garçon venait l’inviter à danser. Assise sur le banc, elle attendait. Elle aurait voulu qu’on l’oublie, que personne ne la voit, surtout les garçons. Comme tous les mercredis, elle avait dû suivre ses copines pour ne pas rester trop isolée. Sa tête était partagée. Elle rêvait d’être le centre de la fête mais dès qu’un garçon l’approchait, elle n’avait qu’une idée, disparaître.
Et voilà, vingt ans plus tard, chaque soir, quand elle entrait en scène et que les projecteurs s’allumaient, elle ne voyait plus personne. Elle ignorait qui la regardait, homme ou femme. Elle jouait face à l’obscurité, enfermée dans son rôle. Elle s’était battue pour oser se montrer, mais chaque soir, elle repartait seule. Elle n’avait pas autorisé un homme à pénétrer dans son intimité. Elle n’y arrivait pas, la peur était toujours présente. Elle n’avait pas de mots pour exprimer ce blocage, se faire désirer et refuser d’y répondre.

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