fin de Fin

Ensemble, ils avaient parcouru l’implanète, ou l’éternalp, ils n’étaient pas encore fixés sur le nom.

Ça leur était venu quelques jours après la Fin, lasse de déambuler seuls ensemble, rien qu’à deux, comme deux être intriqués fatigués de chercher d’autres résidus d’humanité perdue. L’Homme avait disparu, à deux exceptions près. Ils ne croisaient plus personne à par quelques chats à sept ou huit vies passant leurs jours journées à courir pour échapper aux rats qui pleuvaient à verse hors d’égouts, vers ce monde renverser qui marchait sur la tête et nous ferait bientôt croire, par ces flots de poils qui montent et s’élèvent jusqu’aux toits de Paris, que Newton est un con. Dans ce monde de l’Après, pas sur que les mouches savent encore voler, gavés qu’elles sont des restes de notre humanité.
À force de marcher, les deux entêtés, derniers humanoïdes à savoir respirer, ont déserté les villes et leur ciel criard, leurs carcasses de tôles abandonnées, les buildings défraîchis qui leur renvoient l’éco de chaque respiration, de chaque pas qui résonne sur trois pâtés de maisons.

Ils ne se connaissaient pas et s’étaient trouvés comme ils avaient survécu : par hasard. Sans un mot, sans un bruit, un seul regard suffit pour que l’un emboite le pas à l’autre dans une discrétion coubertienne des vaincus laissant le doit du bruit aux nouveaux dominants.

Mais après plusieurs mois de solitudes partagées, l’un d’eux avait tendu une main désespérée, encore humide de fluides lacrymaux fraichement détachés de leur cornée. Une main de fin des fins, de fin de fin, de fin du monde.

 

Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le...). Tout nouveau sous les toits, j'aimerai m'y nicher quelques temps.

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