Histoire de gare

Marie émerge du métro pour entrer immédiatement dans la gare. Elle s’arrête un instant pour s’imprégner de l’ambiance. Elle a toujours aimé cette atmosphère. Comme des centaines de tranches de vie qui s’entrechoquent. Toutes ces histoires de départs et d’arrivées qui s’entremêlent. Une fois rassasiée par ces ondes particulières, elle se dirige vers le panneau d’affichage. Son train  ne partira que dans 30 minutes et n’est donc pas encore affiché. Ce n’est pas un problème. Elle arrive toujours en avance. Elle se dirige vars un hall un peu reculé de la gare. C’est à cet endroit qu’elle s’assoit toujours. Depuis le temps, elle a trouvé l’endroit parfait. Sur le petit mur à côté du magasin de presse et de la boulangerie. Il n’y a pas de courant d’air, fait assez rare dans cette gare. Elle a une vue dégagée sur le panneau d’affichage pour ne pas rater son train. Et le plus important de tout, elle peut observer le va-et-vient des gens. Elle sourit au gérant du magasin de presse et fait un signe à la boulangère. Elle ne leur a jamais vraiment parlé, mais depuis 3 ans elle vient chaque vendredi après-midi. Alors, ils ont fini par former une relation en quelque sorte. Elle pose son sac et s’assoit sur le muret. Elle ferme les yeux quelques instants pour laisser s’évanouir ce qu’il reste de sa vie de tous les jours. Puis, elle ouvre son sac et en sort son appareil photo. Au début, elle ne prenait que la gare. Le bâtiment en lui-même avec ses poutres métalliques, son horloges et ses petits magasins. Puis, au fil du temps, elle a trouvé le courage de regarder les gens qui passent pour les prendre eux aussi en photo. Ils sont devenus sa matière préférée. Elle les regarde l’appareil à lamai et parfois appuie sur le bouton pour capturer cet instant qui s’évanouit tellement vite. Parfois c’est seulement une personne qui passe, qui travers, pour qui la gare n’est qu’un chemin de plus. Parfois c’est un adieu tout en retenue entre ces deux amoureux qui ont du mal à se quitter. Parfois les retrouvailles d’une famille, ces cris de joies et ces rires. Ou encore cet homme, seul au milieu de la gare. Il se tient debout face au flux des gens comme s’il affrontait un cours d’eau avec un fort débit. Au centre de cette mer de gens, il se tient droit, impassible, indifférents aux remarques de ceux qui voudraient passer en force. Marie l’a toujours admiré. Il dégage une telle prestance et en même temps à certains moments, on pourrait croire qu’il va se briser. Elle a des centaines de clichés de lui, faits au fil des ans. Elle relève la tête de zson appareil et le voit à nouveau. Trop tard son train est annoncé. Une autre fois.

Ce contenu a été publié dans Atelier Buissonnier. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire