J’ai fouillé mes souvenirs.
J’ai puisé dans mes racines.
J’ai cherché le cocon.
Et je n’ai rien trouvé.
Alors j’ai dû utiliser mon imagination.
Lily-Rose m’avait demandé de lui raconter une fable ; l’histoire du veau amoureux d’un phacochère.
Où donc avait-elle perçu ce vocabulaire ?
Sa mère l’abrutissait de bilans comptables, de notices et des modes d’emploi du dernier iPhone. Saturée, sans doute, était la gamine.
Où donc allais-je trouver les ressources pour créer les aventures d’un petite veau raide dingue d’une espèce sauvage dont même les zoos ne veulent pas ! Enfin, c’est ce que je suppose. Je ne suis jamais allée tâter le postérieur d’un phacochère. Mais au fait, madame phacochère, à quoi elle ressemble ? J’ouvre mon encyclopédie, avec autant d’espoir que d’y trouver la photo du dahu.Nada, que d’alle ! Le manuel est sexiste. Point de dame phacochère.
L’enfant s’approche de moi :
– Dis, Tata, raconte-moi la fable du veau qui aimait une phacochère.
– Tu es sûre de ton coup ?
– Oui ! Et même le veau, il a des poils rouges, parce qu’il sort de chez le coiffeur.
… Je manque de m’étrangler. Fichtre ! Je suis au pied d’une montagne de difficultés. Courageusement, pour garder mon statut de Super Tata, je me lance.
– Il était une fois, un petit veau…
– Léon !
– Hein ?
– Léon ! Le veau s’appelle Léon.
– Bon, d’accord. Je reprends. Il était une fois, un petit veau prénommé Léon.
– Bof… Appelle-le Arthur. Léon, c’est le nom du chat de la gardienne.
– Tu en es certaine ?
– Si, Tata !
– OK.
J’imagine le clap « La galère de Tala Lulu, 3e ! ».
– Il était une fois, un veau au poil rouge, que sa mère vache avait baptisé Arthur.
– Non, non et non ! Un, il avait juste une mèche rouge ; et deux, les vaches, elle baptisent pas ! T’es nulle, Lulu !
Soudain, une voix : « Lily chérie, c’est l’heure du bain ! »
Clap de fin. Vous pouvez respirer.
Notes de l’auteur : La femelle phacochère est la laie.
Et selon le site internet de Thoiry, le phacochoerus africanus est répertorié parmi les animaux de la réserve.