L’aventurier

Ils étaient partis au Brésil. Elle croyait qu’ils allaient se dorer la pilule sur la plage mais lui, il voulait jouer les aventuriers et lui montrer que c’était un homme, un vrai, un Indiana Jones en puissance.
Ils se sont retrouvés en plein cœur de la forêt amazonienne, elle, dévorée par les moustiques, lui harnaché de son chapeau, de son fouet et d’une gourde à la con. Le plan de la journée : pêche au crocodile. « Tu vas voir ma chérie, lui avait-il dit, ton sac croco sera péché main, tué main et fait main ».
Elle lui décrocha un sourire commercial tout en se tartinant de la crème anti-démangeaison. Parce qu’effectivement, ça la démangeait sévère de lui mettre un pain. C’était quoi ce plan ? Voyager si loin pour se faire sucer le sang par toutes les bêtes environnantes ! En plus, elle ne voulait pas de sac croco. Ça lui venait d’où cette lubie ?
Ils avaient quitté l’Europe la veille et étaient arrivés tôt, trop tôt pour elle. Impossible d’avoir son quota d’heures pour un sommeil qui la rendrait encore plus belle. Ils étaient sur un continent que les livres et autres guides touristiques décrivaient comme paradisiaque : des oiseaux multicolores, des plages de sable fin, de la musique entraînante, des gens souriants. Mais là, pas de chance, c’était la guerre avec tous ces vautours, tous ces vampires d’insectes directement importés de Centrafrique !
Ils ramaient, ramaient encore sur le fleuve verdâtre à la recherche d’un crocodile. Son héros à elle, son flibustier, que ferait-elle sans lui, sans ses idées farfelues ? Elle le prenait avec des pincettes, l’aimait quand même.
« Chérie, je te passe de la crème pour ne pas prendre de coups de soleil ? »
Elle ouvre un œil. Elle est allongée sur le sable chaud. Elle entend les vagues qui l’avaient bercée et plongée dans un sommeil profond. Il est là, prêt à dégainer le tube de crème solaire.

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