Le train de la vie

8h37. Le train pour Brest est annoncé à l’heure. Le numéro du quai n’est pas encore affiché. Il ne le sera que vingt minutes avant le départ. Il a le temps de boire un café. Le café de la gare se trouve en face de lui. D’un pas nonchalant, il passe d’abord par la presse, achète le journal du jour et la revue « Bretagne ». Le serveur s’approche et mal aimable lui demande ce qu’il veut boire. Un café lui semble nécessaire. Il a mal dormi, préoccupé par ce voyage. Sa mémoire lui rappelle qu’il avait décrété un jour ne plus vouloir y aller. Tant de souvenirs, bons et moins bons, sont venus visiter son insomnie. Depuis combien d’années n’y a t-il pas mis les pieds ? Le café est amer comme ses souvenirs. Marie doit l’attendre sur le quai à Brest et ensuite ils prendront sa voiture pour descendre un peu plus au sud pour s’installer dans la vieille maison de leur mère. Cela fait longtemps aussi qu’il n’a pas vu Marie. Sa petite soeur dont il était le héros lorsqu’ils étaient enfants. Elle ne le lâchait pas d’une semelle, Marie. Elle aimait tous les jeux qu’il inventait pour elle. Etait toujours partante pour une aventure à ses côtés. Elle riait souvent et râlait parfois quand elle n’arrivait pas à le suivre dans ses courses effrénées. Les larmes lui montent aux yeux. Comment ont-ils pu se perdre de vue ? Les évènements auraient dû les rapprocher et non les éloigner, eux si complices. Que vont-ils pouvoir se dire ? Voie 12. Il monte dans le train. Quatre heures le séparent de Marie, de Brest. Il n’a finalement pas envie de lire, plutôt de se perdre dans ses pensées, ses souvenirs, la tragédie qui s’est abattue sur eux il y a sept ans. La disparition de son père et de son frère. La discorde avec les autres membres de la famille. Le choc et la rupture. Mais aujourd’hui il doit retourner là-bas coûte que coûte. Le train entre en gare de Brest. Il aperçoit Marie sur le quai. Elle se jette sur lui lorsqu’il descend et ils s’aventurent à travers les gens et les bagages dans le noir de la gare.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire