Solitude

Il traverse des paysages arides dans le silence et la solitude. L’air est glacé malgré le soleil brûlant. Il marche du matin au soir. Il s’est entraîné pour ce tour des continents oubliés. 3 mois qu’il est parti. Première escale, l’Australie. Un rêve de petit garçon. Son projet d’homme. Il a étudié les cartes et, ce voyage, c’est un pacte avec lui-même. Pacte de vie, il a besoin de s’éloigner pour se connaître. Devenir son ami. Retrouver ce qui constituait ses rêves. Il a pris un cargo de nuit, cherchant à s’approcher des antipodes. Roulé en boule sur sa couchette, flottant dans un monde de solitude comme dans une galaxie inconnue. Il a pris des trains, aussi, grattant ses carnets pour tout noter. Cette fille aux bottes blanches qui lui a tant plu ; l’enfant et le tigre ; cet homme ravagé. Il s’est assis dans des jardins ; il a donné à la main tendue. Il a fait des ricochets pour amuser les enfants, rêvé de s’envoler de là, de s’enfoncer dans la noirceur de la nuit et de ne pas en revenir. Quelqu’un aurait trouvé sa dépouille, et alors ? Il sait qu’il n’est pas éternel, que le bout du monde c’est le bout de soi. Il marche et cherche le sens ; son cœur bât avec le monde qu’il foule de sa démarche agile. Il tourne la tête vers les oiseaux, le temps s’égrène jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Il dort où il peut, parfois à même le sol, comme un chien ; parfois dans de solides maisons quand on lui ouvre la porte. Il contemple les vagues et se demande où est le bonheur. Il écoute son silence intérieur les yeux fermés. Il est le nouveau né, il est le soleil rouge, le nuage haut dans le ciel. Il marche à la rencontre de lui-même, passe les déserts et les forêts, vole sur les crêtes, toujours plus léger. Il sent la terre sous ses pieds. Les terres inconnues sont les siennes.

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