Murmures du grenier

« L’araignée Gipsy monte à la gouttière »…

Une comptine fredonnée à l’oreille de l’enfant que j’étais.

Les souvenirs relégués au grenier prennent parfois la poussière.

Que pourrait-on encore bien se remémorer ?

Araignée – fil – toile – corde à linge – jardin – phobie.

Les spectres du placard côtoient les jours heureux.

Lectures anodines, jeudis de l’angoisse.

A l’ombre du désespoir, que me vaut donc cette visite ? 

Les souvenirs hantés, je les rejette. 

Repars de ton côté.

Ne prends pas ton air de corbeau inquisiteur.

C’est toi qui pourrais y laisser des plumes.

Tu peux bien égrainer ton chapelet.

Tes malédictions, tu peux les garder.

La torture mentale de ce que j’ai fait ou n’ai pas fait, ça ne prend plus.

Ma vie, c’est moi qui la fait pousser.

Ton air singeur ne me laisse plus songeur.

Tes paroles acerbes tentent de m’enrouler

comme le ferait un serpent.

Tout cela n’est pour moi

que volutes de fumée.

Mes pensées m’appartiennent.

Tu n’y peux rien : j’ai gagné.

Envoie donc tes sbires si tu veux,

dans leur démarche mécanisée.

Ils peuvent bien faire feu,

moi aussi je suis armé.

Une, deux, une, deux.

Qu’ils repartent comme ils sont venus. 

Cet air abattu, c’est bon, moi je ne l’ai plus.

Le passé c’est le passé. Restez donc dans le grenier.  

Sonne la cloche de tes avertissements,

pique-moi de tes chardons.

J’ai bien longtemps marché

sur des charbons ardents.

A présent, je suis guéri.

C’est dans les yeux que je te regarde.

Efface donc ce sourire carnassier.

Qui est médiocre désormais ?

Les dominos s’effondrent,

c’est un enchevêtrement de pierres qui roulent, se fracassent.

Tu as cherché à écraser

le petit enfant que j’étais.

Mickey et Minnie se sont fait la malle.

Mes résolutions leur ont succédés.

Tes crocs acérés, ta volonté incisive,

méfie-toi je vais bientôt les broyer.

Depuis les coulisses, tu m’observes en silence.

Regarde-moi bien : tu ne me feras plus chuter.

J’ai mis mes rangers.

Je pourrais bien te botter l’arrière-train,

si tu poursuis tes sournoises incartades dans mon présent.

Reste à ta place.

Ton ombre dégueulasse ne plane plus sur moi.

Il y a bien longtemps que je suis monté dans le wagon de la vie.

Les pensées positives m’emportent à l’infini.

Ta petite voix ternie, je peux même l’usurper.

Regarde-moi désormais comme le miroir de ton incapacité.

Tu n’es pas parvenu à m’enfouir sous la boue.

C’est le ciel que je vise, une étoile à la fois.

La vie c’est du rodéo mais j’ai confiance en moi.

Ton règne est terminé. Retourne dans ta contrée,

celle du souvenir, de l’enfant que j’étais.

Breloques, babioles, bouderies,

dans mon coffre à jouets.

Sortir de sa coquille et pouvoir naviguer,

dans les affres du temps,

voilà qui est vaillant.

 

Auteur et artiste visuel née en 1990. Vit et travaille en région parisienne. Participe aux ateliers sous les toits depuis janvier 2018 pour le plaisir d'écrire et de partager un moment convivial. Publications dans les revues An Amzer Poésie, Bloganozart, Fantasy Art & studies et dans les ouvrages collectifs A-Marée (2015), Encuentro (2014), Bloganozart Editions, Les Fiches Canasucre volume I (2014) éditions Canasucre Productions. Parution en 2015 de Jacques Cauda, in Cauda venenum aux éditions Jacques Flament, biographie du peintre et écrivain Jacques Cauda, en co-écriture.

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Une réponse à Murmures du grenier

  1. Elise V dit :

    « Les jeudis de l’angoisse » était le nom des programmes TV diffusés chaque jeudi sur M6 dans les années 1990 : la chaîne projetait en deuxième partie de soirée des films et téléfilms d’horreur et de frisson.

    Par rapport au texte écrit spontanément au cours de l’atelier, j’ai ajouté deux mots qui me semblaient mieux coller au rythme :
    – « envoie « donc » tes sbires »
    – « je vais « bientôt » les broyer

    Pour limiter les répétitions (encore nombreuses à mon goût), j’ai supprimé le « bien » à propos des « malédictions » : « tu peux BIEN les garder » et j’ai remplacé « Il y a bien longtemps que j’ai pris place dans le wagon de la vie » par « il y a bien longtemps que je suis monté » car juste avant se trouve « Reste à ta place ».

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