« – 87 dents bien tranchantes, avec la remise de 4,5%, ça fait… 85.
– Marché conclu.
Le signal, c’était 4 doigts sur la joue. Les trois voyous se sont présentés au comptoir.
– Nous aussi, on veut une remise.
– De combien, plaît-il ?
– Maximale.
– Si je vous dis une de 7 puissance 3 puissance 2, cela vous conviendrait-il ?
– Il peut pas parler comme tout le monde ?
– Alors, c’est oui ou c’est non, parce que j’ai d’autres chats à fouetter.
– En chèvres, ça ferait du combien ?
– 800 avec leurs fromages frais.
– C’est pas pratique quand même à emporter dans un sac.
– Ça, j’en conviens, mais vous avez dit « remise maximale », alors c’est tout ce que j’ai.
– 22 v’là les flics, on se tire.
A 29 ans, il n’en menait pas large mais il connaissait les voyous de cet espèce. Que du bluff, aucun cran. Il suffisait d’un mot plus beau que l’autre pour les dépayser.
– Vous leur dites, ça fait 36,111 et ils sont tout chose. Ils en oublient ce qu’ils étaient venus chercher. Des tunes.
– Vous n’êtes pas tendre, vous-même.
– Moi j’achète des trucs et des machines que je revends avec une marge la plus avantageuse possible. Si vous m’achetez 12 kg d’épinards et 12 de choux, ici et maintenant, et non pas dans l’année, de bien entendu, je prendrai un peu de temps pour calculer la remise que je vais vous faire, parce que vous me l’avez demandée, remarquez.
– Bon alors, vous arrivez à combien ?
– De remise ?
– Non, le total.
– Alors, ça fait 72 euros moins 3,14%, arrondis à 69.
– Ben, c’est pas beaucoup comme remise. Si vous faites 3,14%, on arrive à 3,6111, donc vous arrondissez par le haut et ça ne se fait pas dans le commerce.
– Bon alors, vous voulez les payer combien ces épinards et ces choux ? Parce que moi j’ai d’autres chats à fouetter… »