Ils étaient assis sur des bancs en bois. En rythme, ils remontaient la barre en s’avançant, plongeaient la rame et reculaient. Ils étaient assis trois par trois sur la rangée de gauche, quatre par quatre sur la rangée de droite. A droite, les hommes étaient moins costauds, il fallait bien compenser.
Un homme placé au-dessus d’eux donnait le rythme en tapant sur un grand tambour avec des baguettes serties de grosses boules de mousse.
Ils étaient cent cinquante-sept à bord : cent cinquante-six galériens, un joueur de tambour. Personne ne savait où était le capitaine.
Certains regardaient le joueur de tambour et continuaient à mouliner de manière hypnotique. D’autres regardaient leurs pieds nus et sales dans lesquels étaient restés coincés des grains de sable entre les orteils et de la terre rouge sous leurs ongles. Ils fixaient leurs pieds pour ne jamais oublier leur terre natale. Il leur fallait regarder leurs pieds pour mieux avoir la tête dans les nuages alors que leurs bras, leurs torses, leurs jambes fournissaient un effort constant et incessant pour glisser vers l’infini.
On leur avait dit : « On a besoin de bras, venez sinon nous tuons vos femmes et vos enfants. » Ils avaient souvent entendu parler des langues inconnues mais cette fois-là, la menace leur paraissait bien réelle et son exécution, en cas de refus de coopération, fortement probable. Cela se comprenait bien dans leurs regards noirs.
Sur le bateau, ils ne se parlaient pas, ils ne savaient même pas s’ils parlaient la même langue. Ils savaient juste qu’ils avaient vécu la même chose quelques jours auparavant, avant d’embarquer.
Rien ne leur servait de se parler de ce qu’ils avaient laissé et perdu. Ils préféraient garder ces souvenirs et ces espoirs dans leur tête, là où on ne pourrait pas leur voler. L’un d’entre eux s’imaginait revenir chez lui, un enfant courant vers lui et lui sautant dans les bras. « Oh, mais comme tu as grandi… », lui aurait-il dit. Sa femme le regarderait s’approcher avec un regard rempli de douceur et d’amour. Elle porterait une robe à motifs africains, neuve pour l’occasion.
Rien ne leur servait non plus de parler de ce qu’ils avaient vécu depuis qu’ils se côtoyaient. Drame sur drame. Galère après galère. Ils étaient étrangers l’un à l’autre et tentaient tous d’être étrangers à la douleur, à la fatigue, au désespoir.
Parfois, les jours où le vent soufflait peu mais les rafraîchissaient un peu tout de même, l’un d’entre eux commençait à siffloter puis à chanter. Sa voix s’élevait dans le ciel. Les autres suivaient, chacun dans sa langue, chacun dans son émotion. Un genre de blues. Même le joueur de tambour changeait le rythme des coups donnés pour être en harmonie avec leurs voix. Dans ces moments-là, ils s’offraient une éternité.
Lorsque la nuit tombait, les équipes changeaient. Ils partaient une rangée sur deux pour ne pas trop ralentir le navire. Ils se traînaient en fond de cale, réveillaient l’équipe de nuit, échangeaient leurs couches qui n’étaient en fait qu’une autre planche de bois. Quelques minutes plus tard, ceux des rangées impaires venaient les rejoindre. En quelques secondes, les respirations s’alignaient sur celui qui ronflait le plus fort. Ce chahut les berçait dans un sommeil profond où ils pouvaient enfin laisser place à leurs rêves les plus intimes. Les pieds des plus grands dépassaient des planches. Les plus petits faisaient pendre leurs bras.
Si ce n’était au bruit qu’ils faisaient en dormant, on aurait pu croire qu’ils étaient tous morts. Morts, ils l’étaient d’une certaine manière : morts de fatigue déjà mais surtout morts de chagrin. On se remet de la fatigue. Se remettre du chagrin, ils n’en étaient pas si sûrs. La nuit, ils retrouvaient leur famille, leur sourire, leur joie, leur insouciance. Au fur et à mesure des heures sombres, leur visage se décrispait. La nuit corrigeait leurs jours.
A la première lueur du jour, l’équipe de nuit les réveillait tour à tour pour prendre la relève. Ils se frottaient les yeux, s’étiraient et traînaient les pieds jusqu’au pont. Le joueur de tambour était toujours là. Ne dormait-il pas ? Y avait-il quelqu’un pour le relever la nuit ? Ils ne savaient pas pourquoi il était toujours là. Peut-être que ce voyage interminable l’empêchait de dormir. Ils n’avaient de toute façon pas trop le temps d’y penser ni celui de s’apitoyer sur son sort. Ils étaient tous parés, mains sur la barre, à ramer toujours tout droit au rythme du tambour.
Au fil des jours, certains avaient reconnu des villageois voisins, d’autres continuaient à fixer l’horizon toujours stable, toujours aussi inatteignable. Le matin, on entendait murmurer ou chuchoter quelques minutes, tant qu’ils avaient encore du souffle. Ceux qui s’étaient reconnus se racontaient avec peu de détails leurs rêves de la nuit. « Elle m’a souri », avoua l’un d’entre eux à son voisin. Puis le silence se fit à nouveau.
Ils tournaient, tournaient jusqu’à l’étourdissement. Depuis le départ, ils avaient perdu des bras et de la force. La leur mais aussi ceux qu’on avait jeté par-dessus bord, les morts comme les saboteurs. Ils avaient vu sans regarder les requins se jeter sur ces corps. Ils avaient marmonné des prières pour que leurs âmes reposent en paix.
Ils ramaient, ramaient, sans plus aucune notion de temps écoulé, sans aucune idée de la destination envisagée. Autour d’eux, de l’eau, de l’eau salée qui leur piquait les yeux quand l’océan était tourmenté.
La seule notion qui restait bien ancrée était celle qu’ils s’éloignaient chaque jour un peu plus de leur terre natale. Sur leurs pieds, entre les orteils ou sous les ongles, plus une seule trace de ce qui les reliait à la vie. Les pieds étaient toujours aussi nus, toujours aussi sales, un film blanc s’était déposé sur leur peau brunie.
Petit à petit, les attitudes de chacun changeaient. Certains se terraient encore plus dans un mutisme profond. D’autres, qui avaient peut-être compris qu’il était temps de se mentir pour de bon, tentaient de se créer une nouvelle famille avec ceux qui partageaient désormais leur vie. Ceux-là vivaient sûrement mieux la traversée qui n’en finissait pas.
– C’est quoi ton nom ?
– Duke
– Ah ouais, sans déconner ?
– Ouais, c’est parce que, chez moi, je suis un duc. Je suis issu de l’aristocratie
– Arrête tes conneries, y a pas d’aristocratie chez nous
– Ça n’empêche, mon nom c’est Duke, que ça te plaise ou non
– Ok, Duke, va pour Duke. Moi, c’est Louis.
– D’une banalité ton nom, mec !
– Ouais, c’est vrai. Mais mon nom de famille est top
– Vas-y, balance
– Armstrong, ça veut dire bras fort, dit-il en bandant ses biceps.
– Trop cool, lui répondit-il en approuvant de la tête.
– Et toi, t’as un nom ?
– Euh, ben, en fait, chais pas. T’as une idée ?
– T’as déjà un prénom qui impose le respect faut dire
– C’est pour ça que je l’ai choisi, dit-il en soufflant fort pour reprendre des forces.
– Qu’est-ce que tu dirais de Ellington ?
– Ça veut dire quelque chose ?
– Chais pas mais ça sonne bien, non, tu trouves pas ?
– Duke Ellington, dit-il à haute voix. Ouais, c’est cool. Va pour Ellington comme nom de famille
– Tu sais, en vrai, je ne me souviens pas de mon vrai nom. Je crois que j’avais le prénom de mon grand-père. Et toi ?
– Moi non plus, je ne m’en souviens plus mais je crois que les hommes avaient tous le même prénom selon leur rang de naissance. Tu vois ?
– Non, pas vraiment
– Ben, tous les aînés s’appelaient pareil, les cadets avaient tous le même prénom et les benjamins aussi
– Ah, ok. Et les filles ?
– Chais pas, j’avais pas de sœur. En tout cas, je ne crois pas.
Ils s’étaient arrêtés de parler pour reprendre leur souffle et leurs forces. Après quelques minutes de silence, ils entendirent une voix à bâbord commencer à chanter, un chant avec des pleurs plein les paroles. Une autre voix se joignit à la première, puis une autre jusqu’à ce qu’à tribord aussi tout le monde se joigne au chant.
La nuit, ils avaient souvent entendu le chant des sirènes mais ne s’y étaient pas laissé prendre. Le jour, ils leur répondaient en chœur et leur déversaient leurs malheurs.
Un jour où les nuages menaçaient de gronder, ils entendirent le joueur de tambour crier :
– Terre à l’horizon !
Alors, il parlait, s’étaient-ils tous étonnés. Ils s’étaient tournés les uns vers les autres pour comprendre ce qui avait été dit.
– Terre à l’horizon !
Ceux qui ramaient près de la coque jetèrent un coup d’œil à la mer. L’un d’eux vit une forme noire se dessiner au loin. Il tapa sur l’épaule de son voisin. La traduction du message passa en un éclair avant que l’orage n’éclate.
Était-ce une terre de rédemption ? Une terre de libération ? Les pensées commencèrent à fuser dans leur tête prenant la place des anciens rêves.
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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