Il était assis devant la télévision, attendant son rendez-vous quotidien. Il savait exactement à quel moment il lui fallait appuyer sur le bouton « mute » pour mieux l’entendre arriver. Il voyait les images défiler sans vraiment regarder. Il zappait plus pour guetter l’heure affichée en bas à gauche que pour vraiment changer de chaîne. Ce soir, il était assis le dos droit, les mains sur les cuisses, prêt à bondir pour l’accueillir. Il aurait du courage et de l’audace ce soir pour enfin lui dire bonsoir. Les secondes défilaient, les minutes aussi. Le ciel était devenu un peu rose. Il était presque temps.
Il fixait son téléviseur, hypnotisé. Il avait cru voir la météo, le journal télévisé. Il était sûr d’avoir vu un nombre incalculable de publicités. Il n’aimait pas la télévision. Il l’allumait uniquement pour avoir la sensation d’une compagnie. Il était tombé dans le piège de cet écran plat, sans cœur, sans émois, froid, distant. Pourtant, à peine levé, le café à la main, il appuyait sur la télécommande.
Ses yeux se plissaient lorsque les images en jaillissaient. Il oubliait souvent d’ouvrir ses volets pour s’inonder de soleil, de nuages, de lumière naturelle. Au fil du temps, il avait laissé cette lumière artificielle prendre le dessus.
La nuit était tombée, pensa-t-il. Il n’y avait pas un seul rai de lumière dans les embrasures de ses fenêtres. Il avait pourtant été attentif. L’heure était passée. Il ne l’avait pas entendue.
La clepsydre s’était vidée, il fallait la retourner. Le liquide bleu ne gouttait plus. Normalement, elle arrivait en même temps que la dernière goutte. Richard poussait le temps comme il avait poussé les gens dans le métro avant, quand il ouvrait les volets, quand il sortait de chez lui. Il se souvenait qu’il marchait toujours son épaule droite en avant, en position d’attaque, prêt à plaquer ceux qui le croisaient.
Richard se leva, le ressort du canapé sursauta et émit un son métallique et aigu. Il s’avança dans l’entrée et s’arrêta devant le petit miroir qu’il avait fixé. C’était un petit miroir rectangulaire avec un crochet triangulaire. C’était le miroir de son grand-père, celui qu’il utilisait pour raser sa barbe.
Richard se souvenait des contorsions de son grand-père pour bien raser tous les poils, il se souvenait de la crème à raser qui moussait, moussait et lui donnait une allure de Père Noël, puis les grimaces à droite, les grimaces à gauche, la bouche cachée sous une couche blanche épaisse. Il aimait bien quand son grand-père lui collait une bise avant de commencer son rasage. Ça le rassurait : la bouche n’avait pas disparue.
Il avait récupéré ce miroir à la mort de son grand-père. Il n’avait pas pleuré, il n’avait pas crié. Une voisine de son grand-père lui avait dit : tu dois pleurer, tu dois crier. Il l’avait prise pour une vieille folle, ce qu’elle était sûrement d’après les rumeurs qui circulaient dans le village.
Il avait suivi les autres derrière le cercueil. Sa mère le tenait par la main. De son autre main, elle séchait ses larmes en silence.
Richard fixa ce miroir dans lequel il ne percevait qu’une partie de son visage à la fois : son œil gauche, sa joue droite, son front, son menton. Il refaisait les gestes de son grand-père, sans être camouflé sous la mousse blanche et onctueuse, levant, tournant, baissant la tête.
Il colla l’oreille à la porte espérant déceler un bruit, un son, une musique. Tout sauf le silence. Tout mais surtout elle qui aurait dû se faire entendre il y a quelques heures déjà. Mais rien, toujours rien. Il traîna les pieds jusqu’à sa chambre. Il farfouilla sous son lit, effleura trois, quatre moutons de poussière. Ses doigts heurtèrent un coffre en bois. Richard le glissa délicatement, s’assit en tailleur, le coffre dans le creux de ses mollets.
De sa main gauche, il caressa le dessus du coffre pour en apprécier le bois, les sculptures mais aussi, de manière pragmatique, pour essuyer la fine couche grise qui s’y était installée. Il souffla pour décoller les particules trop résistantes. Il essuya sa main sur son pantalon puis, après une profonde respiration, ouvrit le coffre.
Il y découvrit des photos cornées, jaunies, d’autres plus récentes. Il prit un tas et les fit défiler. Des photos de son grand-père en uniforme, des photos de famille avec des cousins, des cousines qu’il n’avait jamais revus. Des photos de ses enfants bébé, quand ils dormaient, quand ils prenaient leur bain, quand leur mère les berçait.
L’un comme l’autre, malgré des caractères bien différents, avaient, comme peut-être tous les bébés du monde, un visage béat, paisible sur les photos. En grandissant, ils devaient tous avoir conscience qu’il y avait un autre enjeu, celui d’être un jour retrouvé dans un coffre en bois qui avait pris la poussière. C’est au moment de cette prise de conscience que les gens commencent à poser pour la photo. Et le naturel repart au galop.
Richard tomba sur une photo de lui, sa femme, ses deux enfants à la plage. Un cliché qui sanctuarise un moment de douce félicité, où tout allait bien, où tout le monde était heureux. Forcément, il n’y avait pas de photos de son divorce, des déchirements, des cris, des portes qui claquent. Sur les photos, on fige de jolis moments mais quand on les regarde, on se souvient aussi de tout ce qui a basculé, de tout ce qui n’est plus : les morts, la vie de famille, la joie.
Sous les photos, il aperçut un rapport tapé sur du papier bleu, trouilloté avec un boudin, une feuille plastifiée au début et à la fin pour le protéger. Sur la première page, en caractères gras, son nom, son prénom, l’année et, au centre, écrit en caractères gothiques, rapport de stage de fin d’études. Il feuilleta son rapport, lut sans vraiment lire les phrases qu’il avait longuement réfléchi et mûri il y a maintenant plus de trente ans.
A la page des remerciements, il s’étonna de voir le nom de son épouse qu’il remerciait pour sa patience, son soutien pendant ces années de dur labeur. Dans sa tête retentirent plutôt ses mots durs, expéditifs, intolérants : « Tu sais quoi ? Je m’en fous complètement de ton master ! ». C’est vrai, admit-il, que ses études s’étaient prolongées d’année en année sans jamais se conclure. Ce rapport de stage n’en était qu’une partie. Il n’avait jamais passé son grand oral pour valider son master.
Richard referma le coffre. Ce n’était pas ce qu’il était venu chercher. Il se pencha un peu plus, plongea la tête sous le lit et trouva enfin ce qu’il était venu chercher. Il tira la corde, le nœud coulant était déjà fait. Il retourna au salon, la télévision était toujours allumée, sans le son. De jeunes adultes bronzés et tatoués semblaient crier, se disputer. Certains d’entre eux essayaient de séparer les querelleurs. Des mains se levaient, des poings se serraient, des épaules droites s’avançaient de manière agressive.
Richard lança la corde sur la poutre du plafond. Le bois s’était creusé à force d’accueillir cette corde chaque fois que l’odeur aigre de la panique s’était fait sentir. La panique le prenait quand il ne savait plus et surtout quand un échec résonnait.
Richard ne croyait pas les conseils qu’on lui prodiguait : il y a toujours du positif à chaque situation ; tu verras plus tard tu comprendras mieux pourquoi tu devais passer par là ; tu sais, c’est mieux comme ça, je sais qu’il te manque mais il souffrait trop, souviens t’en ; t’as plein d’argent, tu vas t’en sortir, t’es pas à la rue ; une de perdue, dix de retrouvées ; tu sais, moi, ta femme, je l’ai jamais trop sentie ; vous n’étiez pas faits pour être ensemble, tu trouveras quelqu’un de mieux ; etc. etc.
Non, Richard n’était pas consolé par ces phrases toute faites qu’on dit pour faire bien ou pour faire du bien. Richard était né sous le signe du Capricorne, un signe terre à terre, solitaire, intelligent. Il avait donc toujours gardé les pieds sur terre et, quand ça n’allait pas, les pieds sur la chaise, la corde au cou prêt à faire basculer la chaise puis sa vie.
Un jour, il avait presque réussi son coup. Mais la chaise avait fait un tel vacarme en tombant, percutant le guéridon, faisant vaciller le vase sans fleur posé dessus. Tout s’était explosé par terre : la chaise, le guéridon, le vase, et lui était resté les pieds dans le vide, les mains accrochées à la corde dans une dernière tentative de survie à essayer de respirer.
Les voisins du dessous, d’abord agacés par ce tintamarre nocturne, étaient venus sonner à la porte en hurlant : « C’est pas bientôt fini ce bordel, non ? On appelle les flics ! ». Ils avaient collé l’oreille à la porte et avaient entendu un râle rauque et saccadé. Pris de panique, ils avaient finalement appelé les pompiers.
Richard s’était réveillé en réanimation, il n’avait ouvert qu’un œil, le gauche. Un homme en blouse blanche était penché sur lui, à vérifier ses constantes. Richard avait le badge en pleine figure, un badge sur lequel il ne put lire que Dr Alexandre…
Il sortit de l’hôpital au bout d’une semaine, en colère après lui, en colère après le personnel hospitalier. On lui avait conseillé des psychiatres pour l’aider. A tour de rôle, infirmières, aides-soignants, médecins et même le personnel qui lavait les sols étaient venus lui dire : « Monsieur, faut pas faire ça, c’est pas bien, pensez à vos enfants, et puis, ça ne peut pas aller aussi mal que ça, Monsieur, non ? »
Il n’avait jamais recroisé ce Dr Alexandre, enfin, il ne pensait pas l’avoir recroisé les autres fois où il n’avait pas cédé à la corde.
Cette nuit, Richard déplaça tout objet autour de la chaise centrale, délicatement, pour ne pas éveiller les soupçons des voisins qui, depuis cette première fois, appelaient systématiquement les pompiers au moindre bruit suspect venant de leur plafond.
Richard s’était parfois demandé ce que ça pouvait leur faire qu’il crève. Pourquoi continuaient-ils à essayer de le sauver ?
Richard était confiant ce soir. Ses voisins ne devaient pas être là. Il n’avait entendu qu’elle à une heure précise tous les matins et tous les soirs. Il l’avait attendue, espérée, guettée même à travers le judas. Il aurait aimé ne plus sentir l’odeur de solitude qui s’était incrustée dans tous ses pores au fil des ans. Sa peau avait un goût âcre, elle était rêche.
Il vérifia que la corde tenait bien sur la poutre, monta sur la chaise, enroula la corde autour de son cou, donna un coup de talon au dossier de la chaise. Il bascula et se balança comme le pendule d’une vieille horloge.
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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