C’est une belle journée de printemps, la nature se réveille. Les fruitiers sont en fleurs et l’herbe a reverdi. Dans les massifs, tulipes et jacinthes font des taches de couleurs. Tout semble paisible. Aujourd’hui les giboulées se sont calmées, le ciel est bleu et le soleil au rendez-vous.
Dans ce petit bout de terrain qui jouxte le parc, je suis le seul de mon espèce. Tous les autres batifolent dans le parc. Les autres, je les évite, je les trouve un peu snobs. Je les évite et pourtant je les envie… Pourquoi est-ce-que je n’arrive pas à faire partie de ce groupe ? Je les épie, j’essaye de comprendre ce qu’ils disent, ce qu’ils font.
Les jardiniers sont en plein travail, tout doit être parfait pour la visite de Monsieur le Maire. Tout ce petit monde s’applique, tond, taille les branches, ajoute de-ci de-là quelques fleurs, nettoie les allées… C’est à ce moment de ma réflexion que j’ai entendu distinctement l’un d’entre eux parler de beurre , d’ail et s’extasier : tuas vu les escargots ? Cette année ils sont énormes et nombreux ! Je vais les ramasser et les préparer, je me régale déjà. Mon cœur s’est serré. D’accord ils sont snobs, mais finir au beurre d’ail c’est triste. Je me suis caché sous une feuille de rose trémière et je suis rentré dans ma coquille.
Ils sont repartis fiers de leur travail et je suis resté un long moment sous la feuille afin de m’apaiser, que mon cœur retrouve son rythme normal. Puis je suis ressorti : d’abord une corne, puis l’autre. J’ai allongé le cou : personne !….
Au loin, une voix m’a interpelé : J’ai bien astiqué ma carapace ! Et toi ? C’est la tortue. La dernière fois que je l’ai aperçue, elle était couverte de terre. Pour te répondre, non, je n’ai pas astiqué ma carapace car moi je n’en ai pas, j’ai une coquille, une coquille très fragile. J’en prends soin, j’y fais très attention. L’hiver je ne m’enterre pas, je ne suis pas tout crotté quand le printemps arrive.
La tortue avait également entendu les jardiniers et était elle aussi un peu secouée. J’ai repris mes activités, manger les feuilles des salades. Tout à mon occupation, je n’ai pas entendu la propriétaire du potager arriver. Elle avait dans les mains une boite qu’elle s’est mise à secouer au dessus des salades et j’ai vu arriver autour de moi des granulés blancs et bleus : du poison ! J’ai su tout de suite qu’il fallait fuir…
Où aller pour être tranquille, à l’abri des humains ?
J’ai filé aussi vite que possible dans le jardin voisin, le jardin des roses – c’est ainsi qu’il est qualifié dans le quartier. Des rosiers, il y en a de toutes sortes, par les couleurs, la taille et le parfum des roses. La propriétaire des lieux passe tout son temps dans sa roseraie, il faudra que je sois discret. Les roses, je dois avouer que ce n’est pas ma nourriture préférée. De toute façon je ne peux pas escalader les tiges qui sont pleines de piquants.
J’étais tranquille, en pleine exploration, lorsque je me suis senti soulevé, examiné sous toutes les coutures -comme on dit. Je suis très vite rentré dans ma coquille, je n’aime pas être regardé de trop près, je suis pudique !
Au bout d’un moment qui m’a semblé une éternité, je suis ressorti avec précaution : une corne, l’autre, j’allonge le cou et je découvre la mine réjouie d’une petite fille. Elle est très contente de m’avoir capturé. Elle a près d’elle, ce qu’elle appelle un vivarium. Je ne connais pas ce nom, mais je connais le mot prison. Je vais être prisonnier. Je serai à la merci de cette petite fille.
Une voix grave insiste : Tu sais, moi je ne m’occuperai pas de ton escargot. Tu devras le nourrir et nettoyer la cage toi-même.
-Oui oui, bien sûr le je le ferai.
Une angoisse m’étreint : combien de temps vais-je être prisonnier ? Ma progéniture va -t- elle naître en captivité ?
En prison, la vie est monotone, rythmée par les visites de ma geôlière. Elle me nourrit de feuilles de salades, je devrais être content, la salade j’aime ça, mais celle-ci n’a pas le goût de celle du jardin : le goût de liberté. Je dors dans ma coquille -sans rêve-, je perds la notion du temps.
Tout à coup des cris, ou plutôt des hurlements. Ma gardienne vient de découvrir au fond du vivarium, entre les vieilles feuilles de salades, un petit tas d’œufs de couleur bleue. Il faut absolument venir voir. Autour de ma cage six paires d’yeux observent. Chacun des membres de la famille commente : cela ressemble à du caviar, mais bleu, dit la mère. Je me demande : c’est quoi du caviar ?
Dans combien de temps verra-t-on les bébés demande la fillette ? Je ne sais pas, nous allons surveiller, dit le père.
A partir de ce moment il y a un regain d’intérêt pour ma personne. J’ai droit à de la salade fraiche tous les jours. Les escargots sont nés ! Pratiquement tous les enfants du quartier viennent me visiter. Je suis devenu important. Mais où sont les bébés ? Ils sont là et bien là mais il faut bien regarder. Ils sont minuscules et transparents, leur coquille n’est pas encore dure, explique ma geôlière.
Le temps passe, les enfants se désintéressent de nous, la salade flétrie n’est plus remplacée. Les temps sont difficiles !
Les petits escargots se baladent sur les parois du vivarium. Ils sont si petits qu’ils passent par les trous d’aération. Ils sont libres. Libres, mais en danger. Une autre espèce est à leur recherche, il s’agit des oiseaux. Il leur faut fuir et se mettre à l’abri dans les hautes herbes. Dans le quartier tous les jardins sont très entretenus : les pelouses tondues, les mauvaises herbes arrachées sans pitié. Où trouver des hautes herbes ? Que faire ? Où aller ?
C’est là que la chance nous a souri. Tous les jours, les deux employés qui balaient notre rue s’arrêtent devant la porte du jardin pour fumer une cigarette : Une pause comme ils disent. Je les ai entendus parler d’un terrain vague couvert de plantes et de fleurs sauvages. Un terrain abandonné oublié des jardiniers. Voilà, c’est cela, il faut partir. Les petits escargots se collent sous la brouette. Ils sont inquiets mais il nous faut se quitter. Moi je vais rester seul, prisonnier, mais j’ai confiance, la petite fille oubliera un jour de fermer la porte du vivarium.
La petite troupe installée sous la brouette arrive à destination après un long trajet. Nouvelle pause du balayeur et de son coéquipier devant le terrain vague. Il faut se dépêcher de descendre. Les fleurs et les plantes sont là très odorantes, l’herbe est très haute. Les petits escargots filent avec joie dans la végétation.
Nos petits gastéropodes ne sont pourtant pas sortis d’affaire. Ils ont mauvaise vue et surtout ne savent pas lire. Ils n’ont pas remarqué la pancarte au-dessus du terrain : Ici, prochainement, 400 logements, une crèche et des parkings.
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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