Sucreries adorées

la file s’est allongée devant la boulangerie. Un enfant se faufile entre nous et colle ses mains contre la vitrine où sont alignés d’alléchants  gâteaux, tout en rondeur, en crème mousseuse, en chantilly gonflée comme un nuage d’été. Autant de promesses de délice et de délectation, de plaisir sucré, fondant et fluide ou craquant de pâte sablée en meringue. Éclairs, flancs portugais un peu efflanqués, aplatis en leur centre mais tellement savoureux avec leur parfum de fleur d’oranger et de voyage. L’enfant s’en lèche les babines, mais sa maman le gronde « Léo, enlève tes mains de la vitrine et sors, on n’a droit qu’à trois personnes dans le magasin. Un cycliste prend place dans la file après avoir garé son vélo près du marchand de vin. Ce dernier m’a dit qu’il avait fait fortune pendant le premier confinement. «  si vous saviez, qu’est ce qu’ils ont pu picoler!! » et manger des gâteaux si j’en crois la mine réjouie de la boulangère. C’est une japonaise toute menue , mariée avec un boulanger bedonnant, très bedonnant et rigolard. Son pain est moyen mais ses gâteaux sont inoubliables. Ses merveilles me ramènent souvent aux trois années que nous avons passées à Pont-Audemer pour le travail de mon père et où venait de s’installer un jeune pâtissier, devenu célèbre depuis, Monsieur le Nôtre. Quand nous avions donné le meilleur de nous- mêmes á l’ecole ou quand nous avions de mauvaises notes en maths, matière de tous nos tourments, nous pouvions, ma sœur et moi, aller choisir un ou deux petits Le Nôtre . Nous salivons encore aujourd’hui en nous remémorant ses religieuses au chocolat, ses mille feuilles et ses Paris- Brest.. Certains petits normands ont été biberonnés au calvados , dit-on , et bien nous, nous avons été récompensées ou consolées aux pâtisseries, les vraies pas les petites choses revisitées, allégées, moins sucrées d’aujourd’hui! Non, du lourd, crémeux, luisant, épais, dégoulinant sur les doigts. Généreux.

Mon fils a continué la tradition au cours d’une fête des mères mémorable où trônaient sur mon assiette quatre sorte de saint honorés différents, des meilleures maisons. Comparer, évaluer, commenter…jamais écœurée

la jolie boulangère me salue avec son accent chantant « votre choix Madame Maeno » le cruel avec les gâteaux, c’est comme le mariage, en choisir un c’est renoncer à tous les autre…..

 

Ce contenu a été publié dans Atelier Buissonnier. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Sucreries adorées

  1. Sylvie W dit :

    Je viens de lire ton texte: je ris et vais rire toute le journée de la chute!!! Merci

Laisser un commentaire