Joe, campé sur ses deux jambes, les mains dans les poches de son jean, respire doucement l’air frais. A chaque nouvelle respiration, il ose s’emplir ses poumons plus profondément. Il accueille avec plénitude cet air marin.
10 ans enfermé dans une cellule, ça vous casse vos réflexes.
10 ans sans connaître les effluves de l’air du large, il n’en revient pas !
10 ans, qu’il s’est endormi tous les soirs en rêvant à cette atmosphère piquée d’humidité et saline.
Peu à peu, il ose respirer à fonds, il perçoit une joie venue de ses tripes. Il n’a pas à attendre la permission du maton pour marcher dehors pendant le temps réglementaire avec comme horizon le dos d’un prisonnier.
l’Océan dont il a rêvé, est là devant lui. Il n’a plus à fermer les yeux pour l’imaginer, le rendre réel. La mer est là avec ses vagues, ses couleurs changeantes. S’il ferme les yeux, elle est de nouveau en lui avec sa symphonie si particulière, ses vagues qui tambourinent le sable.
C’est lui qui désormais gère sa vie, dans ses moindres gestes. L’enfant qui doit demander la permission pour tout, a disparu.
Son premier désir en sortant de taule, fut de s’engouffrer dans le premier train en partance pour la Bretagne. Joe voulait être lavé par la mer. Il se savait fautif, il devait repartir à zéro. Cette incrustation des bruîmes bretonnes dans son corps lui était nécessaire. Au fil des heures, il sentait une force le pénétrer. Oui il allait recommencer une autre vie. Il irait dans un lieu où personne ne connaissait le Joe d’avant. Des larmes coulaient sur sa peau tendue.
Il savait qu’il ne devait plus approcher les bars. Il acceptait cette contrainte.
Il s’occuperait d’huitres. Il vivrait les pieds et les mains dans l’eau.
Joe est inspiré du personnage » Je te verrai dans mon rêve » de Julie Bonnie.

J’écris depuis mon adolescence…comme beaucoup j’ai tenu un journal intime puis j’ai écrit des poèmes puis des textes et quelques petites nouvelles. J’adore lire depuis que je sais lire . Les livres furent mes premiers amis .