Quel refuge pour demain?

Une nouvelle vie allait commencer pour Anna et cette fois, elle devrait décider seule.
Paul son mari, son ami, son confident depuis 40 ans s’en était allé au mois de mai dernier.
Dans trois mois, elle devrait quitter sa maison, leur maison.
Ici, ils avaient dépenser tant d’énergie pour en faire un lieu de vie plein de charme où famille et amis aimaient à se retrouver.

Ce matin, un jeune couple de parisiens venaient visiter la maison.
« Encore des citadins en quête d’une vie plus douce » se disait-elle!
Les confinements successifs avaient eu raison de leur détermination à vouloir vivre en ville, là où tout se passait, se disaient-ils il y a encore quelques mois.
Ce discours, Anna l’avait déjà entendu et ces visites lui étaient de plus en plus pénibles.
Elle se sentait d’humeur maussade.

Mais cette fois, ce fut différent.
Le coup de cœur du couple pour la maison fut immédiat et une rapide sympathie s’installa entre eux.
Une visite chaleureusement commentée, quelques confidences autour d’un café plus tard, Tristan et Delphine lui faisaient une offre.

Anna n’était pas pressée de les voir partir. Son regard passait de l’un à l’autre. Elle capta leur complicité et leur enthousiasme la toucha. Elle sût très vite qu’ils seraient heureux ici.
L’offre qu’ils présentaient étaient un peu en dessous du prix qu’elle demandait mais elle savait déjà qu’elle l’accepterait.
Ses enfants lui reprocheraient sans doute de ne pas avoir négocier, peu importe Kernoun allait être entre de bonnes mains.

Malgré son attachement à cet endroit, elle ne pouvait rester ici
à ressasser ses souvenirs.
Elle devait partir pour construire autre chose, autre part.

Anna allait avoir bientôt 80 ans mais elle s’autorisait encore l’envie de vivre de nouveaux bonheurs.
Elle était ainsi, riche d’une résilience qui lui avait déjà permit dans le passé de se relever d’épreuves douloureuses.

Elle s’imaginait installée dans une petite maison au bord de la mer, qui lui permettrait d’aller marcher chaque jour sur une plage à l’abri des vents de l’Ouest, observant les mouvements de la mer et le bouillonnement de l’écume mousseuse des vagues.

Son projet sans grande ambition se dessinait peu à peu, sans prise de tête.
Paul était tout près d’elle.
Elle l’entendait chuchoter à son oreille, l’encourageant à construire son avenir et à trouver son nouveau refuge.

Pour lui, hélas pas de demi-tour possible, mais sans nul doute, il continuerait à veiller sur Anna.

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