Rêverie au balcon

Depuis le balcon d’une amie, au Havre, j’ai vu passer un ferry. Ça m’a fait penser à la « Vendée Globe »et ça m’a fait penser que j’ai longtemps pensé que cette course s’appelait «  le vent des globes ». Un peu plus internationaliste, un peu moins nombriliste non? Ça me faisait rêver à un voyage enchanté dans la douceur venteuse de l’océan. D’accord je n’avais rien compris , comme ça je peux ironiser sur moi-même et ça fait un bien fou de se moquer de soi, ça met de la distance, ça donne une force de guetteur, un goût de clarté et de liberté. Ça m’a fait penser tout ça à tous les voyages que je n’ai pas fait, aux chameaux lippus agenouillés dans le désert, à la lumière bleutée d’un continent glacé, aux aurores boréales, aux temples enfouis sous les grands baobabs, aux voyages que je n’ai pas fait et que je ne ferai certainement pas…. rêver ses voyages, les remplacer par des images, la Patagonie et les cavaliers aux grands chapeaux, Vancouver, ça m’a fait penser à la voix de Veronique Sanson. Les tubes ça vous reste dans les oreilles pour des jours et des jours. Et voilà qu’illuminent mon imagination les contours floutés des grandes plaines sibériennes, les rives brumeuses du lac Baïkal,  mais hélas la Sibérie m’a fait penser au goulag , aux souffrances endurées Dans ces régions déjà torturées par le froid et je me suis demandée ce qu’il reste dans la terre de la souffrance et du sang des hommes . Je me suis demandée comment on peut se baigner à Omaha Beach, s’y allonger sur une serviette rose et verte et comme ça m’a fait penser aux dictatures, aux révoltes  écrasées, et plutôt que de rester figée, là, dans mon impuissance, je suis repartie dans la multitude des couleurs devant moi, sur ce balcon, accordant mes pensées à la gaité revenue dans mon cœur.

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