A l’ombre du magnolia

Il joue nu à l’ombre du magnolia qui croit dans le cimetière voisin. La chaleur éblouissante de l’été rayonne sur sa peau mate. Les cigales l’encouragent de leur stridance.

Il trace dans le sable avec sa petite pelle rouge une route pour ses petites voitures. Une montagne lui impose de creuser un tunnel. C’est difficile, il ne faut pas rater la jonction. Si la montagne s’écroule, c’est sur, il n’y aura pas de gâteau au chocolat au dessert. Ou son frère se moquera de lui. Ou … Il est tout entier à son ouvrage.

Une fourmi passe au milieu de son chantier vers l’hortensia. L’hortensia écrasé par le soleil a des fleurs rabougries d’une couleur indéfinissable. Il se lève et se met sur la pointe des pieds pour suivre la fourmi dans ses pérégrinations. La fourmi se cache sous une feuille, il ne la voit plus. Il retourne à sa montagne.

Elle ne s’est pas écroulée mais il reste un obstacle en son centre. La file de voitures et de camions ne bouge pas. Il prend un bâton et creuse doucement. Vroum, vroum. Quelques grains de sable dévalent doucement la pente. Il s’arrête et se relève, inquiet.

Dans le ciel un petit nuage passe. On dirait un chat. Ou un arrosoir Le nuage est presque immobile dans le bleu écrasant du ciel et pourtant tout à l’heure il n’était pas là. D’où vient-il? Où va-t-il ? Il se tourne pour mieux l’observer et marche sur la montagne. Son pied nu dérape sur la file de voiture proches et se blesse et tout son chantier s’écroule.

Il n’y aura pas de gâteau au chocolat pour le dessert, son frère va surement se moquer de lui et la chaleur prend le goût de ses larmes.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire