L’herbe

L’herbe est-elle verte ? L’herbe est-elle rouge ? Pourrait-elle changer de couleur selon l’humeur du jour ? L’herbe a brûlé cet été. Il a fallu la protéger avec un énorme filet et l’asperger d’eau, de l’eau de pluie rare à l’eau du robinet calcaire. Pas trop sûre que l’herbe aimait ça, mais elle avait soif, très soif.
Elle apprécie les glaçons tombés au sol, leur fraîcheur, leur douceur, leur façon de se fondre corps à corps. L’herbe et le glaçon en plein accord pour quelques secondes, quelques minutes selon la température extérieure. Tout un monde de promesse et d’ivresse.
L’herbe reprend de la couleur. Elle se remet à vibrer au bruit du vent. Le glaçon a disparu, englouti dans la terre craquelée.*

L’herbe danse, ses brins s’étirent vers le ciel. Elle ne se pose plus la question de sa couleur. Un bruit l’inquiète* cependant. Un bruit de moteur qui a du mal à démarrer. Un moteur qui toussote. Une voix qui vient d’ailleurs lance un coup de pied* en râlant. Ça redémarre.

L’herbe n’a plus le choix.

Le bruit s’approche dangereusement. Elle veut tanguer*, tenir debout, elle veut s’émanciper.

Le bruit s’arrête au bout de quelque temps. Le silence revient péniblement. L’herbe est collée au sol. Le glaçon l’attend tendrement.

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