Le vent s’est levé. Il a tout balayé. La pluie est tombée. Elle a tout lavé. Il y a eu un grand ménage. Tout est propre. Le ciel est bleu. La terre humide. Les gens sont morts. Le silence sonne.
Le jour d’après, le soleil lutte péniblement. Il tire des rayons à travers des nuages encore gris. Il n’atteint aucune cible. Le combat est perdu d’avance.
Sur la plage, les vagues sont toujours nombreuses et denses mais beaucoup, beaucoup moins hautes et rebelles que la veille. Il marche sur le sable. Ses pieds s’enfoncent, il voudrait courir, la rejoindre. Il ouvre ses bras. Elle n’est pas là, elle était pourtant là hier, sera-t-elle là demain ?
Des larmes coulent sur son visage rond. Elles se perdent dans sa barbe de trois jours. La brume ne se lève pas. Il est seul sur cette plage où la veille encore le ciel a lâché des bombes. Est-ce vraiment fini maintenant que le grand ménage a été fait ? Il marche au bord de l’eau, il regarde ses pieds, l’écume s’écraser. Il tente vainement de ne penser à rien, ni à son maquillage qui coulait les jours d’orage, ni à son besoin d’évasion.
Adèle lui avait souvent promis d’aller à New York avec lui. A New York ou sur des terres rouges d’Ouganda. Elle avait toujours en elle cette dualité : rester ou partir ? L’aimer ou le quitter ?
Épuisé, il s’affale sur le sol, enfonce ses pieds dans le sable, attend que le brouillard parte lui aussi pour voir l’horizon. Il reste là, comme un con. Il ne sait pas de quoi sera fait demain. Avec ou sans Adèle.
Fred se lève d’un bond. Il ouvre grand ses bras, ses poumons. Il veut hurler à la mer sa haine, sa rage, son désarroi. Mais il se souvient des conseils d’un vieil ami : savoir garder son sang-froid. Il se souvient de Iared, de son teint mate, de ses mains abîmées par le soleil. Il l’avait connu lors d’une autre mission. Il y avait eu moins de bombes cette fois-là. Il y avait eu pourtant encore tant de morts.
Iared lui parlait souvent de son grand-père, citait sa sagesse infinie d’ancien. Fred aurait aimé se souvenir de toutes ces bribes de sagesse pour pouvoir remonter la pente.
Son treillis est sale, plein de boue séchée. Malgré la pluie, le sang et la terre restent incrustés. Fred donne des coups de pied aux vagues. Cette plage sera sa dernière mission, il se le jure, se le promet. Déjà à Kaboul, il se l’était promis. Pourquoi continue-t-il à compter les morts ?
Adèle avait été séduite non pas par Fred mais par la possibilité de voir ailleurs.
Fred pense à Adèle, à son enthousiasme entêtant, à ses mots percutants, déstabilisants. Un matin, dans des draps encore chauds, elle lui avait dit dans un demi-sommeil, une semi-rêverie : Je viens avec toi, n’importe où je viens avec toi.
Fred avait souri, d’un sourire triste. Ce n’est pas ce que tu crois, avait-il tenté. Elle lui avait tapé sur le bras et lui avait dit : Tu sais la vie est courte. A qui le dis-tu, avait pensé Fred. Il lui avait caressé la joue, glissé les doigts dans ses cheveux. Il aurait aimé rester dans ce moment-là éternellement.
Le mauvais temps s’est dissipé. Fred revient sur ses pas, il suit les traces qu’il a laissées. Derrière la dune, des corps alignés, certains couchés recouverts d’un linceul, d’autres debout au garde à vous. Fred s’approche, les rangées sont trop nombreuses. Encore une fois beaucoup trop nombreuses. Des corps sont transportés, ajoutés en bout de ligne. Fred s’avance. Des treillis, des casques, des civils aussi et là, dans une robe blanche avec des petites cerises, un brancard se pose sur le sol. Fred ne veut pas y croire, il veut détourner la tête, ne pas faire face à cette triste vérité.
Parmi ceux encore debout, aucun échange de regard, aucune tape sur l’épaule pour dire que tout ira bien. Parce que ceux qui restent savent que ça ne sert plus à rien.
Les jambes de Fred tremblent quand il s’approche plus près. Ça ne peut pas être elle, ça ne peut pas être Adèle. Son joli minois est recouvert. Il a eu le temps de la reconnaître.
Des hélicoptères et des avions se posent. Le vacarme maintient en éveil. Il faut évacuer les morts comme les vivants.
Fred veut lui donner la main une dernière fois. Sa main est froide. Il l’avait pourtant prévenue. Mais Adèle, dans sa dualité, lui avait répondu : j’ai besoin de me sentir en vie. Il faut que je parte d’ici. Mais là-bas, c’est pire, lui avait-il dit. Va en Normandie plutôt. Adèle n’en faisait qu’à sa tête. C’est ce qui lui plaisait aussi chez elle.
Suzanne se mouche le plus discrètement possible. Firmine tourne la tête pour écraser une larme. Leïla se moque d’elles.
– Allez les filles, c’est qu’un film.
– Ouais mais quand même, c’est abusé, pourquoi ils ont fait mourir Adèle ? C’est nul les histoires d’amour qui finissent mal.
– Et puis, Fred, le pauvre quand même. Il galère du début à la fin, on croit qu’il va s’en sortir, qu’enfin il connaîtra le bonheur. En plus, il est trop beau…
– Tenez, je vous passe les bonbons, ça va vous changer les idées.
– Il n’y a plus de pop-corn ?
– Si, si, tiens.
– Du coup, on se regarde un autre truc ?
– Comme quoi ?
– Ben chais pas mais on était censées faire une pyjama party sympa, à regarder des films, manger des chips, des bonbecs, picoler un peu aussi ! D’ailleurs, elle est où la vodka ?
– Tiens, là. Tu veux du jus de pomme avec ?
– Doucement les filles, y a mes parents en bas, faut pas qu’ils nous grillent.
– T’inquiète, je tiens vachement bien l’alcool.
– N’importe quoi ! A la soirée de Flo, t’as passé la moitié de la nuit aux chiottes à dégueuler.
– Ta gueule, passe la bouteille.
– Bon, on regarde quoi ?
– Pas un film de Noël s’il vous plaît, ça me donne la gerbe.
– C’est pas plutôt le mélange de gin qui te fait gerber ?
– Franchement, t’es lourde !
– Ouais mais c’est drôle.
– Ouais, ok. Bon, alors, on se mate quoi ?
– Sex education, vous avez vu ?
– Ben oui, obligées.
– Mais y a la nouvelle saison qui est sortie je crois.
– Vas-y, regarde voir.
– J’espère qu’on va apprendre des trucs parce que c’est pas en SVT qu’on est « éduquées ».
– Pff…t’es marrante toi. Tes parents, ils vont pas te tuer si tu couches avant le mariage ?
– Je fais ce que je veux à mon âge.
– Mais ouais bien sûr, nous aussi…
La série commence, le pop-corn croque sous les dents. Les trois copines sont attentives. Suzanne met pause.
– Les filles, je peux vous demander un truc ?
– Vas-y.
– Ben en fait j’aime bien…
– Steevie, oui on sait. Tu nous bassines avec lui toute la journée. On s’est même fait collées pour bavardage la semaine dernière.
– Ouais, déso…Enfin, bref, Steevie, je l’aime bien. Mais vous croyez qu’il m’aime bien aussi°?
– En tout cas, il ne fait que te mater en cours et à la cantine.
– Ah ouais ? Mais est-ce que c’est à moi d’aller vers lui ? Ça fait pas un peu chaudasse ?
– Tu t’en fous !
– Mais si en fait, je me fais des films ?
– Passe ton tél.
– Pourquoi ?
– Vas-y, j’te dis, passe.
– Firmine, on va lui envoyer un Snap à Steevie.
– Ça va pas non ?
– Arrête Suzanne, t’en meurs d’envie.
– Ouais mais même, ça se fait pas. Et vous les filles, vous me dites pas ? Vous avez envie d’embrasser un garçon, une nana ?
– Mes darons, ils me tuent sur place s’ils me voient ne serait-ce que tenir la main à un garçon.
– C’est pas cool Leïla, vraiment pas cool.
– Et toi, Firmine ?
– Ben moi, j’aime bien quelqu’un qui est déjà pris. Mais bon, j’ai quand même l’impression qu’il me regarde de temps en temps.
– Et tu la connais sa meuf ?
– Non, elle vit dans le Sud je crois, en tout cas elle est pas dans le même bahut.
– Ben alors, c’est quoi le problème ?
– Ça ne se fait pas quand même.
– Mais tu le kiffes ou pas ?
– Chais pas. Vous vous foutez pas de ma gueule si je vous dis ?
– Non vas-y.
– Ben en fait, j’aimerais bien lui dire genre cash comme ça : « j’aimerais bien une aventure avec toi ».
– Hein ? Ça veut dire quoi ?
– Ben en gros, il reste avec sa meuf et nous on passe du temps ensemble. Sympa quoi.
– Firmine, t’as pas envie qu’il soit juste avec toi ?
– En fait, non. Il est mignon et tout. Je suis sûre qu’il embrasse bien aussi. Y a qu’à voir sa bouche.
– Firmine la coquine !
– Bon, on met quoi comme message pour Suzanne ?
– « Steevie, amour de ma vie, je pense à toi jour et nuit, viens vite dans mon lit ».
– Non, non, non, rendez-moi mon tél.
– Clique, clique sur envoyer.
– Déconnez pas les filles.
– Merde…
– Quoi ?
– J’ai appuyé. J’t’assure, j’ai pas fait exprès.
– Leïla, je vais te tuer…
Le téléphone bipe.
– Putain, putain…
– Suzanne, c’est lui…
– Putain, putain…
– J’ouvre ?
– Ouais, non, je sais pas…
– Il a envoyé un smiley avec un clin d’œil.
– Ça veut dire quoi, qu’il veut ou qu’il veut pas ?
– Tiens bois un peu, ça va te faire du bien.
– Oh là là, vous avez déconné les filles…
Le téléphone bipe à nouveau.
– Alors ?
– C’est encore lui, attends, il continue à écrire, il y a les trois petits points.
– Qu’est-ce qu’il dit ? Qu’est-ce qu’il dit ?
– Il dit « tu fais quoi ? »
– Et, on répond ou pas ?
– Ben ouais, maintenant que c’est lancé !
– « Pyjama party avec les copines » avec un smiley cœur dans les yeux.
– Mais merde Leïla t’abuses.
– Attends il répond…
– Et ?
– Ah, morte de rire, il dit « et vous êtes bourrées ou quoi ? »
– Il est perspicace ton Steevie.
– « On est torchées grave. Je pense que Firmine va bientôt aller dégueuler ».
– Rends-moi mon tél. Rends-moi mon tél !
– Allez, on arrête les conneries, on continue la série ?
– Non, j’ai pas envie. Bataille de polochons ?
– Nan…
– On appelle Steevie ?
Utiliser le Blog
Commentaires récents
- Emmanuelle P dans Tout en main pour écrire un roman à succès
- Marija D dans La béquille 2
- Marija D dans La béquille 1
- Cécile C dans Au revoir Poppie
- Pascale L dans Au revoir Poppie
PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
Recherche
-
Textes par auteur·e
Textes par atelier
-
Derniers textes mis en ligne
Textes par date
Oh ! quelle histoire ! J’y étais, je me croyais partie dans le film et comme une vraie spectatrice, j’ai eu du mal à partir du film. Le dialogue qui suit est bien enlevé, très réaliste, pour autant qu’à mon âge avec le peu d’usages que j’ai des réseaux sociaux, je puisse me rendre compte de la réalité. Merci pour cette histoire courte pleine de suspens !
Merci Aliette.
Désolée de t’avoir fait sortir du film mais l’histoire était trop triste, j’avais envie de m’en échapper pour aller vers quelque chose d’un peu plus gai. La pirouette est un peu facile. On va dire que ça a fait deux salles (de ciné), deux ambiances 🙂