Mon voisin le serial killer

Jean aimait le mois de Janvier.

Mois des promesses.

Mois des résolutions.

Qu’il tiendra.

Ou pas.

Cette année-là, il a décidé de s’inspirer du Dry January.

– Mais tu ne bois pas d’alcool, s’est étonné Bozo, son voisin.

– Yep ! Je sais. Mais je m’adapte. Ce mois-ci, je vais freiner sur le rouge.

– C’est pas vrai ! a lancé Bozo, les yeux écarquillés.

– Tu sais à qui tu parles ? a grondé Jean.

– Au patron !

– C’est ça, mon p’tit. Au patron. Et le patron, il te dit que ce mois de janvier, ça va moins saigner. Même pas 2 morts par jour… et même pas tous les jours !

Bozo est sceptique. Peut-on croire un serial killer qui prétend s’abstenir un mois dans l’année ?

Inquiet, Bozo est allé au commissariat. Il s’est assis gentiment sur la chose devant l’agent Perrochon.

– Voilà, m’sieur l’agent. J’en ai marre ; chaque jour j’entends Jean qui crie après des gens. J’entends des bruits bizarres. J’entends des coups sourds. J’entends comme des pétards. Et après, il vient me raconter qu’il a buté sa femme, puis une copine, et sa maîtresse…

– Dites, c’est Landru, votre voisin ?!

– Non, c’est Jean, j’vous ai dit. Et j’en ai pas fini…

– D’accord… Dites-donc, monsieur ?

– Bozo. Je m’appelle Bernard Ozo. Et Jean il m’appelle Bozo.

– C’est un nom de clown, non ?

– Je sais pas, j’aime pas le cirque. J’ai peur des tigres… Je ne suis pas venu vous causer de comment je m’appelle. Je m’inquiète pour Jean.

– Je comprends. S’il tire sur tout ce qui bouge et qui porte une juge, faut garder les gazelles à la maison, n’est-ce pas ? Vous êtes marié ?

– Non. Et je ne fais venir personne à la maison, à cause de Jean.

– Vous voulez quoi ? Qu’on l’arrête ? Ou c’est le bruit qui vous gêne le plus ?

– Ben… J’sais pas. il m’a raconté qu’il allait faire le Dry January. Pas une seule goutte rouge sang. Je crois qu’il ne va pas bien.

L’agent de police regarde Bozo fixement.

– Vous pouvez me la refaire ?

– Eh bien, Jean, il m’a dit qu’il allait lever l’index de la gâchette. Il va vraiment mal, non ?

– Les gens sont fous, murmure Perrochon.

– Ne lui dites pas que c’est moi qui l’ai balancé, il risque de se fâcher. Vous allez le soigner ?

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