Ils sont 5 : Axel, Mohamed, Rodrigue, Sebastian, Akira. 5 qui sont devenus amis à la vie, à la mort. L’un est brun, l’autre est blond, le 3ème est crépu, le 4ème a des boucles d’ange, le dernier, des cheveux en baguettes.
Ils cherchaient du travail, n’importe quoi, croque-mort, chauffeur, brancardier… Axel s’était enfui de chez lui pour arrêter l’école ; Mohamed avait fui le chômage longue durée ; Rodrigue cherchait sa voie ; Sebastian avait fui les p’tits boulots ; Akira cherchait des papiers de séjours. Tous s’étaient retrouvés successivement devant les agents de France-emploi, la police assermentée, les petits dealers, les grands délinquants.
Une vie aléatoire faite d’expédients licites et illicites, de ruses et de défaites. Des galères souvent.
Et puis un jour, la mairie a placardé une offre d’emploi : « demande 5 balayeurs de rue pour maintenir la ville propre. Pas de diplôme requis. Formation fournie ».
En voyant l’affiche, ils se sont précipités voulant être les premiers à obtenir ce passe vers une liberté structurée.
Un petit sermon sur l’objectif du poste et ses outils, et hop, les voilà poussant chacun leur poubelle sur roulette, leur balai et leur pince à ramasser. Ils quadrillent leur zone, récoltent sans relâche tout ce qui est à terre : papiers, bouteilles, ordures bien sûr, mais aussi des vêtements, parfois de belles prises. Mohamed a ainsi récupéré un téléphone portable ; Akira une écharpe en soie ; Axel a trouvé un cartable tout cuir ; Rodrigue a trouvé une gourde toute neuve et Sebastian s’est amouraché d’un chat qui le suit partout.
Ils sont contents, chantent à tue-tête leur joie d’être à l’air libre et collectionnent des objets hétéroclites qui autrement auraient été destiné à mourir discrètement, abandonnés de tous.
Ils se retrouvent pour la pause déjeuner au square des lanternes ou sous le hall de la mairie et se racontent leurs aventures, leurs trouvailles, leur vie. La première fois, ils ont ri de leurs dissemblances, de leur couleur de peau, de leur chevelure. Puis ils ont tissé des liens. Maintenant ils explorent la ville, parlent aux passant, plaisantent.
C’est un des plus vieux métiers de rue qui demande rigueur, flexibilité, rêve. Ils sont devenus le « groupe des cinq, musiciens du balai «