Un matin

Le soleil est venu réchauffer la terre, faisant s’envoler les rideaux. Les pieds nus foulent les tapis de laine tandis que la brise vient sécher les gouttelettes de sueur qui perlent sur son front. Il s’approche du balcon, étonné d’entendre à cette heure de la journée un troupeau d’animaux envahir la rue. Un nuage de poussière s’élève dans la clarté du jour. Les ombres de ces animaux éclaboussent les murs en pisé tandis que des cornes battent les volets de fenêtre restés imprudemment ouverts. Qu’est-ce qui les poussent à fuir leurs prés ? Les bergers dépassés, impuissants tentent de les rattraper, mais les sabots affolés poursuivent leur fuite. Un grand calme règne dans le ciel, seuls brûlent les rayons d’un soleil imposant, pesant de tout son poids sur les briques. De l’école lointaine, le silence revenu, parviennent des couplets récités en chœur, sans aucune dissonance. L’ordre règne, les règles sont respectées. Les sons ricochent sur le carrelage que des générations de pieds d’enfant ont foulé. A aucun moment, un adulte ne semble s’être étonné de la terreur qui a parcouru les rues et de la pesanteur du silence qui règne maintenant. Tout comme les murs, cette armée disciplinée reste campée sur son cadre immuable, aucune hiérarchie n’étant venue rompre les lois établies. Sur son balcon, l’homme scrute l’horizon, écoute le vent, ses pieds respirent sur les dalles vernies qui transpirent.

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