Réfléchir les yeux fermés. Voir un immense arc-en-ciel au-dessus des toits. Dans les nuages roses du matin tôt, haut dans le ciel, un grand cerf-volant passe et glisse. Ce matin, quand j’ai ouvert la fenêtre, le ciel avait les couleurs que je n’ai vues qu’à Londres. Ce matin, à Paris, le ciel avait la couleur de ta ville. Hier, on m’a dit que tu étais partie. Ce matin, avec ces couleurs célestes, tu m’as dit « Regarde-moi une dernière fois. »
J’ai toujours aimé marcher en ville. La ville est différente chaque jour, chaque heure. On ne s’en rend pas compte tout le temps mais quand on part loin pendant longtemps, on revient, on s’attend à voir les mêmes immeubles, les mêmes boutiques. Quand on revient, la ville a changé, elle a évolué, rajeuni par endroits, vieilli à d’autres endroits, comme un peu tout le monde. J’aime marcher en ville pour sentir l’arpège de son âme. Combien de fois a-t-on entendu le cœur de la ville battre ? Cela n’a rien à voir avec le flot de la circulation, le vrombissement des métros souterrains. C’est bien au-delà de cela.
Parfois, le cœur de la ville bat à l’unisson avec le sien, parfois, on étouffe, on a besoin d’air alors on prend le large, on va au vert. Mais pour les vrais citadins, on ne peut jamais s’éloigner vraiment : si on part, on rejoint une autre ville, un autre cœur, d’autres couleurs dans le ciel, d’autres couleurs dans les arbres de l’été indien.
Apprendre à ouvrir les yeux, s’imprégner, lire les messages écrits sur les murs. La ville parle, crie son désarroi, déclame son amour.
Quand on revient, on pense retrouver un terrain connu, un souvenir ancré, un endroit que l’on a gardé précieusement en soi, comme une photo figée à une époque, avant notre départ, bien avant notre retour. C’est cette image qui nous revient quand on est loin et que le blues nous dévore. Alors quand on revient, on est content de retrouver ce lieu qui nous faisait du bien. Quand on la revoit enfin, ça fait un peu le même effet que lorsque l’on revoit quelqu’un après de nombreuses années. « Salut, ça va ? T’as pas changé ! »Une semi-vérité, un semi-mensonge parce qu’on reconnaît quand même la personne en face de nous malgré des traits plus tirés. On reconnaît son sourire, son regard, son cœur qui bat.
Il arrive parfois qu’on revienne et qu’on ne reparte plus marcher dans d’autres villes. On vit ces marches par procuration : l’incendie en arrivant à Riyad, l’épicier d’Accra où finalement la chef est plutôt sympa, à Yaoundé c’est la misère, il n’y a même pas de connexions internet pour regarder les telenovelas. Aller à Tunis pour s’occuper de Tripoli, parler portugais à Praia avec un autre Olivier, et puis, il y a l’Amérique aussi, on se souvient du Québec d’il y a 25 ans, les mêmes noms de rues, le même froid qui s’engouffre dès la fin octobre. Et San Salvador, ah le Salvador ! C’est un pays dont le nom est un prénom. Un pays plein de promesses, pourrait-on penser.
N’importe où le cœur de la ville bat, partout dans le monde, sûrement grâce à une pleine lune joueuse et généreuse, les femmes font des bébés : à San Francisco, à Harare, à Kiev. A Tirana et à Belgrade, elles en font même un troisième. Le souffle de la vie circule de ville en ville, passe à travers les grilles et les barricades.
Ce souffle s’immisce et redonne un élan de vie à Johannesburg, mais aussi de quoi tenir quelques mois encore avant la quille à Kampala.
Partout dans le monde, le cœur de la ville bat. Partout dans le monde, il ne faut pas prendre les cons pour des gens. Partout dans le monde, on a pu y passer une fois et ne plus y revenir.
Il n’y a qu’un seul endroit dans lequel on remet les pieds : la ville dans laquelle on revient. On revient à pas de loup pour se faire pardonner notre longue absence, on revient et on toque à la porte. On lui raconte, à celle qu’on aime, ce qu’on a vu ailleurs, ce qu’on a connu ailleurs. Elle sait qu’on n’y retournera pas, c’est la seule et unique pour laquelle on revient à chaque fois. On aime partager avec elle les monuments, les rencontres, la langue, la civilisation, l’expérience de vie.
Son cœur bat plus vite lors de ces retrouvailles. On lui dit qu’être citoyen du monde c’est dans notre ADN, que la curiosité, l’ouverture sur le monde, ça fait partie de notre vie. On lui dit aussi que Paris restera toujours Paris, que Paris est une fête, que le monde entier nous envie Paris. Alors oui, Paris est parfois grise, oui Paris est souvent sale, oui Paris est trop petite comparée à d’autres grandes villes mais chut, ça personne ne le dit sauf peut-être les Parisiens entre eux. C’est un secret pas très bien gardé.
Dans les films animés, seul l’élégant Paris est dessiné : aucune poubelle sur les trottoirs, aucun trottoir éventré pour accéder à des canalisations, aucune feuille morte collée au béton. Dans ces dessins animés, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe et surtout le Sacré-Cœur surplombent la ville.
Quand on revient, on a des repères immuables. Alors, quand Notre-Dame brûle, on a peur, elle ne peut pas tomber comme les tours jumelles new-yorkaises. Elle ne peut pas. Elle ne tombe pas. De face, elle se tient droite, reine de beauté, sans montrer sa profonde blessure.
A Marseille, où j’ai aussi marché en ville, on l’appelle la Bonne Mère. Il faut un temps fou pour y accéder, un nombre de dénivelés incroyables, un souffle coupé quand on l’atteint enfin pour y allumer un cierge. Alors on se contente souvent de la belle-mère. Mais ça c’est du passé.
D’ailleurs, connaît-on vraiment ses parents ? Les hommes et les femmes qu’ils ont été ? Leur sang coule dans nos veines alors même si on ne sait pas bien, même s’ils nous cachent leurs secrets, on sait, notre cœur sait. Pourquoi a-t-on besoin de connaître leurs blessures ? C’est sûrement ça qu’ils cachent : leur misère, leur honte, leurs erreurs de jugement, leur départ précipité, leur retour avorté et que sais-je encore ?
Pourquoi certains jours nos oreilles sont-elles attentives à ce chanteur des rues ? Que chante-t-il qui nous réveille, qui nous révèle ? Quelle est donc cette voix ou cette chanson qui rappelle une larme, une joie, un drame, une douceur ?
Dans le silence, on entend le tchac tchac du train. Dans le silence, on entend le ba boum ba boum dans notre cage thoracique. Des bruits qui rythment, des sons qui dansent, un mouvement perpétuel comme cette horloge rescapée du beau paquebot. Enfin, c’est ce que les parents diront du bateau de fortune qui les a échoués sur les côtes du pays qui n’est, à cette heure, pas le leur.
Pourquoi les villes ont-elles des prénoms ? Certaines mêmes sanctifiées par la foi : San Pedro, Sao Paulo, Saint-Malo…Est-ce parce que leur cœur bat comme celui des hommes ? Le cœur de la ville dans laquelle j’aime marcher. Le cœur des hommes qui m’ont fait marcher.
On vit ici ou ailleurs. On a besoin de trouver sa place pour savoir où notre cœur bat en cohésion. On part, on repart, on voyage, on redémarre. On met des punaises sur la mappemonde à chaque ville visitée. On la plante d’une pointe acérée, on la tue, on l’élimine de notre point de chute. On est venu, on a vu, on a vaincu.
On relie les choses entre elles. On réfléchit les yeux fermés pourquoi on a pris le virage à droite et pas à gauche. Une théorie circule sur le fait qu’il y aurait plus de virages à droite, c’est peut-être pour ça. On avance, on avance, on marche en ville, jamais on ne recule, jamais on ne revient sur nos pas.
J’ai aimé marcher dans toutes ces villes, vraiment marcher. Une connexion de la terre à soi essentielle pour pouvoir entendre le cœur de la ville qui bat. J’ai marché parfois seule, parfois accompagnée, les yeux grand ouverts ou les yeux fermés.
J’ai marché au bord des fleuves, circulation sanguine de la ville. Les fleuves ont débordé maintes fois exprimant le trop plein que la ville n’arrivait plus à évacuer. Ça doit être triste des villes sans fleuve, sans rivière. Est-ce que ça existe d’ailleurs ? Peut-être pas. Sans un cœur qui bat, sans sang qui coule dans les veines, quelle ville pourrait bien vivre ?
Ce matin, j’ai réfléchi les yeux fermés. Les images ont défilé malgré tout devant mes yeux : des lieux, des gens, en gros des souvenirs. On dit qu’avant de mourir, on voit sa vie défiler. J’ai passé mes doigts sur mes yeux, j’ai frotté gentiment puis plus énergétiquement, je me suis étirée, j’ai bâillé, je ne suis pas pressée de voir ma vie défiler.
J’aime marcher en ville et me rappeler que je suis née quelque part.
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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