Un certain roi mage

Cette nuit là il a décidé de tenter l’aventure. Dans l’ombre des maigres arbustes et des puits asséchés la jeune épouse de Melchior est tombée à genoux, l’a supplié de ne pas partir. »notre enfant est si petit, si fragile, pourquoi nous quitter pour cet enfant inconnu ? »Doucement il l’a repoussée, ordonnant qu’on scelle deux chameaux, les plus beaux, les plus forts.

pas un murmure, pas une source, pas une pierre. Rien, excepté l’aride nudité du désert. Les serviteurs de Melchior dodelinent de la tête sur leurs chameaux fatigués et sa couronne étincelante glisse un peu sur  son cou. Dans une oasis ils ont mouillé leurs vêtements, rafraîchi leurs visages aux jets d’une fontaine. Quelques heures plus tard ils sont repartis. La lune comme un diamant dans le ciel bleu d’encre a éclairé leur route vers l’inconnu.

C’est la nuit, une nuit remplie de promesses, de conspirations. Rêver, les yeux fixés sur une étoile, rêver d’un roi apportant la paix, rêver de réconfort et de grandeur apaisée. Melchior porte en lui toutes les richesses de sa tribu sont il est le chef, il porte en lui un avenir de nomadisme lumineux, il porte en lui des femmes mettant sans crainte leur nouveau-né sous une toile bise, à l’abri du soleil. Lui,  il veut plonger ses yeux dans le regard de ce petit roi-dieu.

Apres de longues semaines de marche, ils  sont arrivés en vue de Bethleem, ce village de pierres ocre et de sable. Ils ont poussé les chameaux en serrant leurs talons contre leurs flancs amaigris. De l’ouest est venu un cavalier aux vêtements de blanc et d’or. Un cavalier au visage légèrement basané. De quelle origine s’est demandé Melchior. L’homme et son cheval se sont arrêtés devant lui. «  Mon nom est Balthazar, je cherche l’enfant », » nous aussi » a répondu Melchior en s’inclinant.. ils tremblent un peu dans l’obscurité naissante mais cette nuit là plus rien ne les arrêtera et leurs fronts courbés dans la poussière et la paille ils s’étonneront du silence absolu enveloppant ce lieu d’un halo magique. Ils ne savent pas, ils ne sauront jamais que des siècles plus tard, dans le tumulte des machines, dans la virtualité du monde, leurs silhouettes anachroniques  nous parleront encore de paix et d’espérance. MM

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