Instantané de neige

Dans les contrées lointaines de sa mémoire, comme une série de cadres-photo, elle se rappelle les hivers où Paris se recouvre de neige. La neige à Paris, même un jour, même quelques heures, c’est comme partir à la découverte d’une autre ville, d’un ailleurs. Tout s’arrête pour l’émerveillement de tous. Elle se revoit, enfant, 7 ans peut-être. Le Boulevard Ney s’est recouvert de blanc et est devenu un vaste espace de jeu pour tous les enfants du quartier qui sortent par grappe des immeubles, frappant à la porte des voisins avant de s’éparpiller sur les trottoirs, ramassant au passage dans leur petites mains équipées de moufles, la neige pour en faire des boules et jeter celles-ci sur les passants. La neige, si belle, si blanche, si douce, qui masque le noir d’une ville alors encore noire des fumées des poêles à charbon, la neige qui étouffe les sons aussi sauf les rires des enfants qui bombardent sans relâche celles et ceux qui tentent de rejoindre leur travail. Aucun bus ne circule, les voitures sont à l’arrêt. Des luges ont été improvisées. En sortant des appartements,  les enfants ont pris dans les cuisines de leur mère des plateaux en fibre de verre compressée, matériau idéalement glissant et objet de taille adaptée à celle de l’enfance. Francky, le copain du 4ème étage, a enfilé le gilet fluo de son père et rajouté par dessus un poncho. Pour ne pas se prendre les pieds dedans, il l’a remonté en le tenant avec une ceinture. On en voit ainsi que lui dans la neige.

De ces moments d’enfance, immaculés, elle garde en mémoire le plaisir des empreintes dans la neige vierge et ces contrastes de noirs et de blancs qui font le bonheur des photographes.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire