Le bordereau d’exécution était affiché sur la place, sous le drapeau tricolore qui flottait au sommet de la colonne.
Devant, se pressait la foule et la bousculade était inévitable.
– On a attrapé un maquereau ? questionnait-on.
– Je me disais bien que le père Marcel était un gredin ! chuchotait-on.
Arriva le bourreau encagoulé, tenant à la main un grelot qu’il secoua énergiquement. D’une voix nasillarde il déclama ce qui suit :
– Oyez, oyez ! Je vais lire l’édit du Roi ! La ravissante Héloïse, après qu’elle a vidé son réservoir au milieu du bois, a constaté que son cétacé Momo avait disparu. Sa Majesté aussitôt a désigné le coupable. L’infâme qui a volé le cachalot est le fils du père Marcel.
Le bourreau mit un point final à son discours en crachant par terre, puis se mit à grimper sur l’estrade. Mais voilà qu’il se prit un gadin et déclencha la guillotine. A quelques centimètres près, c’était cuit pour lui. Le public ébahi crut à une mascarade.
Le bourreau entreprit par la suite de raser la tête du condamné.
– Ça lui fait une tête de boche, murmurait-on
– Espèce de cloche ! rétorquait-on.
Au-delà des flots humains, se tenait sous un porche le père Marcel. En plein déni, il pensait son fils au Cachemire, allé parfaire sa formation de fakir.