Alors que vous êtes sous l’eau, vos mains se tendent pour boire

C’était un été à Nha Trang, j’avais 10 ans et venais de rentrer au Viet Nam. Nous venions, enfants, mes frères et sœurs et moi, passer nos vacances dans la maison de fonction de ma tante qui travaillait au lycée français de Nha Trang. Une maison coloniale aux murs jaune ocres et dont l’entrée était bordée de bougainvilliers rose fushia, lovée dans un jardin où tamariniers vert foncé et flamboyants rouge orangé abritaient nos après-midis studieux, assis tranquillement à lire à l’ombre des feuillages. J’étudiais, je rêvais, c’était la fin des classes primaires, on quittait le monde de l’enfance pour entrer au collège, l’univers des « grands ».

Puis en fin d’après midi, quand le soleil se faisait moins brûlant, nous courrions vers la plage. La plage de Nha Trang était bordée d’un sable très fin, très blanc, comme de la poussière de cristal. Il crissait sous mes pieds alors que je m’élançais, insouciante et joyeuse vers la mer, rentrant dans cette eau tiède qui m’attendait. La plage était immense et se continuait en pente douce.

Soudainement, alors que j’avançais dans l’eau et marchais sereine sur le sable, un trou.

Je me sentis aspirée vers le bas. Je ne savais pas nager, mes mains battaient de l’aile, mes pieds pédalaient dans l’eau mais je m’enfonçais de plus en plus vers le fond et voyais avec effroi la lumière de la surface de l’eau s’éloigner, me noyant dans cette eau bleu vert, si belle en surface, mais si froide et sombre dans les profondeurs de l’abîme.

Alors que je coulais à pic, mes pieds touchèrent le fond, je tapais des pieds dans le sable, mes mains se tendirent vers le haut, et je remontai à la surface. J’avais une envie subite de boire la lumière du jour.

Hy Hoa

Hy Hoa