Céline

Son genou droit grince, son genou gauche serre les dents. Ses joues sourient depuis peu et appellent les doigts des hommes pour un rencontre ; mais son front est cabossé par l’acné. L’asymétrie de sa croissance obsède Céline.
Elle souffre d’être perdue dans le labyrinthe du temps, venant de fermer la porte de l’enfance, n’ayant pas encore ouvert celle de l’âge adulte. Elle n’a pas confiance en elle, manque de courage face à ses amis, et a troqué ses moues de plaisir ou d’étonnement sincères contre des grimaces de certitude et de permanente intensité.
Elle délaisse désormais les dimanches après-midi cuisine avec sa mère et sa grand-mère, et écoute la pétarade des scooters plutôt que le chant résigné des cerises fondant dans la casserole. L’été, elle ne viendra pas dans la maison familiale de Carcassone, et rêve d’étranger mystérieux comme les cornemuses d’Ecosse ou les plages de Croatie.
Céline s’habille, se maquille, se chausse et se dévêtit. Elle est bête d’inanité, fatigante de platitudes, et cela est sa chance : elle vit cet entre-deux âges dans l’angoisse commune, mais certaine de se diriger vers la sortie.

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