Au milieu coule une rivière

On m’a dit un jour, il n’y a pas si longtemps que ça, une petite phrase pour me consoler de mon chagrin. Un proverbe antillais, il paraît. En français, pas en créole, ça donne quelque chose comme ça : « Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas ».
Quand j’étais enfant, on me disait aussi qu’au pied des arcs-en-ciel se trouvaient des trésors.
En ce jour de pluie torrentielle, l’arc-en-ciel n’est pas apparu pour que je puisse aller chercher, à son pied et au bord de la rivière, mon trésor. Forcément, la rivière est un torrent aujourd’hui, un torrent d’émotions, un torrent de larmes. Les nuages sont trop pleins, ils pleurent mais ne crient pas leur désespoir. Ça, c’est quand il y a de l’orage. Peut-être quand il fera nuit noire, l’orage grondera ce soir.
Pour le moment, je suis planquée dans le décor, je tente de me mettre à l’abri, j’attends que la tempête passe. Parce qu’après la pluie, le beau temps, n’est-ce-pas ?
Le flot de la rivière sera plus calme, les poissons plus nombreux et moins apeurés. La vie reprendra son cours. Et peut-être qu’au hasard d’une promenade d’été, d’automne ou même d’hiver, avec de la légèreté dans le cœur et des idées folles plein la tête, je verrai quelque chose briller un peu plus loin là-bas. J’irai insouciante et confiante vers cette douce lumière. Je me pencherai au bord de la rivière vers ce qu’elle a laissé pour moi. Sur l’autre rive, je croiserai son regard, au milieu de nous coulerait une rivière.
Aujourd’hui, c’est un océan qui nous sépare. Avec le temps et les années, un jour peut-être que cet océan deviendra petit ruisseau rempli de trésors à partager tous les deux.
S’il est pour moi, la rivière ne l’emportera pas.

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