Elle est partie, sans espoir, direction miroir.
À peine une phrase, un ersatz de phrase et puis elle s’est tarie… Comme un cœur en entonnoir qui filtre l’encre, la retient, la régule d’un goute à goute qui ne suffira pas. Une goute… une autre… une autre… et la trace de la première a déjà disparu. Comment veux-tu que j’étanche la soif d’un désert de papier avec ce que tu me fournis ?
Elle est partie et tu n’as rien vu, tu ne t’es pas penché, tu n’as pas ramassé l’espoir qu’elle avait laissé choir, là, à quelques pas à peine, avec cette rare élégance nonchalante qui t’avait chaviré.
L’entends-tu murmurer ? le petit moi, petit lutin muré dans les méandres de tes pensées. Mais tu ne l’écoutes pas. Tu marches, tu marches, tu marches, tu marches, encore et encore et toujours en dissynchronie de pas, en désaccord de pieds. Et moi, je suis ta météo à la radio : un bruit parasite du concert urbain en BIP majeur. Si tu écoutais petit lutin de folies hautes perchées, tu suivrais les points tiller qu’un fou à décidé de tracé il y a plusieurs années. Un jeune loup avide de plein de plaintes qui hululait aux heures nocturnes ses questionnements sans fin sur les chemins tortueux d’un bonheur en mouvement, un bonheur bienheureux de jouer à cache-cache et d’écouter les bruits désespérés de cet illuminé qui le suivait de plus ou moins près. Ces traits, il les a tracés dans toute la ville, en trait très gros et très blanc, tout proche du trottoir. C’était sa carte, sa trajectoire. Lui qui tournait et retournait en ritournelle jusqu’à se semer puis se paumer et oublier ou il était passé avait voulu marqué ça voit. Un petit Poucet en plus doué, mieux équipé. Le fou avait bien prévu d’en faire des flèches pour que son périple soit sensé, mais sa gourmandise l’a perdu. Il a préféré dessiner entre le trottoir et les traits tillés, des cônes de glace deux boules avec une sphère de chocolat à la pointe du cornet.
Tu aurais suivi mes mots posés sur ses presque-flèches jusqu’au métro Jacques Bonsergent, peut être serait-elle revenue.
Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le…). Tout nouveau sous les toits, j’aimerai m’y nicher quelques temps.