Deux heures de colle

Comme le dit souvent la maîtresse, « le jardinier ne voit pas la graine pousser ». Elle nous l’a encore répété hier, suite à quoi Paulo m’a glissé tout bas : « et dans l’espace personne ne t’entend péter ». Ce qui nous a valu deux heures de colle car nous n’étions pas dans l’espace et mon rire, la maîtresse l’a parfaitement entendu.

Quand j’ai raconté ça à mon père, il n’a pas bronché, il a simplement dit : « petit homme deviendra grand ».  Qu’est-ce qu’ils m’énervent des fois les adultes avec leurs phrases toutes faites. Moi je soupçonne que ces deux heures de colle l’arrangeaient drôlement car ça sentait un peu la bière quand il m’a embrassé. J’en ai goûté une fois de la bière, sur le bout de la langue, beurk ! C’était plus amer que du terreau martien !

En tout cas, il avait l’air tout guilleret quand il est sorti de sa Mercedes jaune qu’il avait garée juste devant l’école. Le pion a fait de gros yeux, j’ai pas compris si c’est parce qu’il n’avait jamais vu de Mercedes jaune ou de papa qui avait l’air content que son fils se soit fait coller.  Ou peut-être les deux.

La maman de Coralie avait l’air beaucoup moins détendue. Cela se voyait qu’elle n’avait encore jamais vu sa fille sortir de deux heures de punition. Moi aussi j’avais été rudement étonné de la voir en colle, Coralie, la première de la classe, la chouchoute. Mais j’étais rudement content parce que Coralie, elle n’arrête pas de dire que je suis un sot parce que je ne veux jamais jouer à l’élastique avec elle.

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